not ready to let go ○ ft. aam bao

[ootd] ♬ Soupirs.

La journée avait pourtant bien commencé. Le soleil était radieux, malgré le froid cinglant qui piquait la peau et faisait claquer les dents, l’astre céleste offrait pourtant des caresses chaudes et recouvrait affectueusement la capitale coréenne encore le matin-même. Les plus audacieux avaient profité du temps plus doux pour oser mettre leur nez dehors, promener leurs chiens, emmener leurs enfants jouer au parc ; et Seul Bi avait évidemment fait de même. Elle qui avait grandi dans un pays chaud, avait encore du mal à s’acclimater au temps capricieux de Séoul même après quatre années, et il n’était pas rare de la voir toute emmitouflée dans de grands manteaux même encore au printemps. Plus les années passaient et plus elle trouvait que l’hiver en cours était plus rude et pus long que le précédent. Alors aujourd’hui, quand elle vit le soleil briller dans le ciel, elle n’avait pas hésité à aller dehors, se balader, marcher sans aller nulle part. Les mains dans les poches de sa veste épaisse mais élégante, le cou abrité d’un joli col-roulé noir et ses jambes toujours aussi dénudées – c’est que la demoiselle était une immense amatrice de jupe et ne supportait pas de sortir en pantalon. Des bottes suffisaient à réchauffer ses gambettes. Elle était belle Seul Bi, et elle le savait ; et ces regards qui se retournaient sur son passage, elle en avait bien conscience, mais feignait de les ignorer.

Le temps pourtant avait décidé de se faire capricieux, et alors qu’elle déambulait dans les rues, voilà qu’une averse avait frappé la capitale, précipitant les habitants dans les premiers refuges trouvés. La jeune femme n’avait pas échappé à la règle, elle qui en plus avait horreur de la pluie et n’y était toujours pas habituée, même après quatre ans. Elle avait donc couru sur le boulevard où elle se trouvait, faisant claquer ses talons sur les parvis, pour pousser la première porte venue. Une clochette l’accueillit, suivie d’une jeune femme en uniforme, et c’est là qu’elle se rendit compte qu’elle s’était mise à l’abris dans un joli café. Ravie de son choix, elle se laissa guider à une table seule près de la vitrine qui donnait sur la rue ; et après avoir commandé et reçu une macchiato avec beaucoup de crème, accompagné de quelques pâtisseries, elle profitait de la chaleur de l’endroit pour se réchauffer, ses cheveux blonds lâchés pour les laisser sécher, et laissait son regard doux et presque absent scruter l’extérieur en attendant que la pluie cesse. L’œil désolé de voir encore des passants chercher un abri, quand elle était si confortablement installée dans ce petit endroit paisible et chaleureux, où elle dégustait lentement sa boisson et savourait ses pâtisseries avec gourmandise ; mais tout de même une lenteur presque exagérée. Il fallait dire que si elle comptait rester ici jusqu’à la fin de l’averse, il ne valait mieux pas qu’elle termine ses consommations trop vite.

Néanmoins, alors que son œil délicat caressait chaque personne passant devant la vitrine, son attention se bloqua soudainement sur un client qui venait d’entrer dans l’établissement. Elle l’aurait reconnu entre mille, celui qui avait partagé sa vie autrefois, après son arrivée à Séoul ; celui à qui elle avait tant donné, celui qu’elle avait adoré. Et pourtant depuis qu’elle l’avait quitté, elle ne l’avait presque pas revu… Et toute troublée, la petite blonde regardait son ex-compagnon avec de grands yeux ronds et une petite bouille adorablement surprise ; ignorant si c’était le hasard ou un énième coup du destin.