Never again! ( Park Jun )

“Never again!” &Telle la peste elle me suivait depuis mon arrivée ici. Impossible d’y échapper. Pourtant on pourrait croire que je m’y serais fait. Pour des petites bricolas oui, comme trébucher ou faire tomber une tasse pendant que je l’essuyais. Mais la maladresse ne faisait pas que briser des objets elle pouvait aussi faire mal. Vu tous les allers-retours que je faisais aux urgences de l’hôpital, j’avais fini par être connu dans le service. Aussi par ma phobie qui avait fait son petit effet la première fois que j’étais venu dans ce bâtiment. Impossible pour un infirmier de me toucher sans que je me mette à hurler de peur. Du coup c’était les femmes qui se chargeait de mon cas. Il n’y avait qu’un infirmier qui avait su m’apprivoiser, me faire comprendre qu’il n’avait aucune mauvaise intention envers moi. Si c’était lui ça passait. Mais pour le reste du corps masculin médical c’était impossible.
J’étais donc de retour aux urgences, attendant patiemment dans une salle que Jun arrive ou une infirmière. Je m’étais ouvert la jambe en tombant sur le trottoir. Je ne me souvenais plus comment j’avais fait mon compte. Peut-être un trou dans lequel mon pied s’était retrouvé et ma jambe était tombé sur des bouts de verres. A vrai dire, mon esprit avait plutôt été occupé par la douleur que par le comment du pourquoi. C’était en sortant du travail, c’était juste ce dont je me rappelais et ma collègue m’avait tout de suite emmené à l’hôpital. Heureusement qu’elle avait été là car sinon je n’aurai suivi personne et serait rentré chez moi pour le soigner tout seul. Ou appeler Jun. Je préférais tout de même ne pas déranger l’infirmier. Ce dernier mettait d’ailleurs du temps à arriver et je commençais à avoir une crampe à force de tenir la compresse sur la plaie.
La porte de la salle où j’étais venait de s’ouvrir, mais ce n’était pas Jun. Et encore moins une femme. Je ne connaissais pas ce visage que j’avais devant moi, et sentais déjà mon corps se raidir. Il savait pourtant à l’accueil mon problème. Il n’y avait vraiment que cette personne de disponible ?

- Bonjour, je suis l’infirmier Kim ! Je vais m’occuper de ta blessure

Avec appréhension, je regardais Kim s’approcher de moi tout en m’enfonçant le plus possible dans le fauteuil comme si je ne voulais faire qu’un avec lui. Son sourire qui se voulait rassurant, me stressais plus qu’autre chose. Ma main était toujours posé sur la compresse de fortune, la sienne venait s’y rajouter. Le contact loin d’être plaisant, m’avait brûlé la main et par automatisme je me mettais à paniquer.

- Ne me touchez pas !

M’écriais tout en repoussant l’infirmier qui essayait de me toucher. Ma respiration était devenue chaotique. Je transpirais de partout. Comme lors de mes crises habituelles, le son se faisait plus lointain. Il n'y avait qu'un la strident qui me perçait les oreilles.

- Hé du calme tu vas te faire mal !

D’une main ferme posé sur mon épaule, il m’avait plaqué contre le dossier du fauteuil. Je me mettais alors à hurler, non pas de douleur comme le penserait surement les autres médecins, mais de peur. La peur d’une nouvelle agression. Les caresses de Linus étaient encore présentes dans mon esprit comme si c’était arrivé hier. Les larmes coulaient sur mes joues et je mordais l’infirmier lorsqu’il tentait d’étouffer mes cris. Par réflexe sa main s’était levée pour me frapper au même moment où la porte venait de s’ouvrir.

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“Never again!” & Il s'était réveillé avec la boule au ventre ce matin, Jun. L'impression horrible que son corps ne répondait plus, encore trop endolori par la douleur de la veille. Il s'était réveillé avec la gorge serré ce matin, Jun. L'impression douloureuse d'épines dans le fond de son gosier, à force d'avoir trop pleuré, d'avoir trop demandé pardon sans vraiment le penser sans doute. Il s'était réveillé encore plus fatigué que lorsqu'il s'était couché. Et peut-être qu'il aurait préféré ne pas se lever du tout. Peut-être qu'il aurait préféré à garder les yeux fermés. Pas forcément pour rêver. Il ne rêvait plus, Jun. Il ne faisait que cauchemarder. Mais juste garder les yeux fermés et attendre que la tempête passe, que la colère s'efface. Il s'était réveillé tétanisé ce matin, Jun. L'angoisse de faire un mauvais pas, de prendre une mauvaise respiration, alors qu'il entrait dans la cuisine, croisant sa moitié. La peur de dire quelque chose qu'il ne fallait pas ou au contraire de ne pas dire quelque chose. Il avait hésité. Longtemps. Avant de s'emparer de se préparer un thé, les mains tremblantes. C'était le froid, qu'il dirait. Il était gelé, qu'il se justifierait. Alors que son corps était en feu, rougie par les marques habituelles.

Il s'occupa d'une petite fille qui s'était faite mal au coude à l'école, retournant à l'accueil ensuite, apprenant par sa collègue que Nam Kyu était arrivé. Un air concerné lui fit froncer les sourcils, sa moue devenant presque pâle quand on répondit que quelqu'un était en train de s'occuper de lui. Quelqu'un ? Quelqu'un qui ?

Il ne perdit pas de temps, se rendant dans la salle où le patient l'attendait. Nam Kyu était un patient sensible, et Jun savait qu'il n'y avait pas tout le monde qui pouvait l'approcher. Tout le monde savait. Alors pourquoi fermait-on toujours les yeux ? Sans toquer, il ouvrit la porte, le cœur battant et la scène devant lui était absolument atroce. Un simple « Hey » quitta ses lèvres alors qu'il se rapprochait sans attendre, tentant de s'interposer entre les deux, ses doigts agrippant faiblement le poignet de son collègue. « On ne lève pas la main sur les patients », dit-il, calmement, bien que son corps tremblait légèrement. Il lâcha son collègue comme s'il s'était brûlé quand celui-ci posa le regard sur lui. Il marmonna un bref « Pardon » et baissa le regard mais ne bougea pas pour autant. Il n'entendit qu'un soupir, suivit d'un « Il est pas bien sérieux... » avant que son collègue ne sorte.

Un long souffle lui échappa une fois son collègue sortit et la porte fermée, sa main passant sur son visage alors qu'il se tournait. « Il est parti », articula-t-il lentement, s'accroupissant pour être à la même hauteur que Nam Kyu. Il n'aimait pas cette sensation d'être regardé de haut, alors il supposait que le patient non plus. « Je suis désolé », ajouta-t-il directement, le coin des lèvres à peine levé dans un air totalement désemparé. « Tu vas bien ? Il ne t'a pas fait mal au moins ? », son regard balaya rapidement son corps pour repérer d'éventuelles blessures, prenant en compte la compresse sur sa jambe. « Je vais m'en occuper, t'en fais pas », tenta-t-il de le rassurer dans un ton doux.

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“Never again!” &L'infirmier ne comprenait pas mon comportement et c'était la première fois qu'il avait affaire avec un patient aussi réfractaire à des soins. Quelque chose n'allait pas chez moi et j'allai encore une fois en subir les conséquences. Je peinais déjà à respirer, alors pour parler, lui expliquer, c'était impossible. Par réflexe j'avais même mordu l'homme qui s'apprêtait à cet instant à me frapper en retour sous mon regard écarquillé. Violenter un patient ce n'était pas interdit ? En même temps c'était moi qui avait commencé à l'attaquer mais c'était un pur mécanisme de défense d'après mon psychologue.
Cela n'empêchait pas mon corps de trembler comme une feuille et les larmes de couler sur mes joues. Je n'avais même pas entendu la porte s'ouvrir, seule une voix familière m'avait fait ouvrir les yeux que j'avais fermé. Jun était enfin arrivé, et je me sentais soudainement un peu soulagé. Je ne le serai que totalement lorsque l'autre infirmier brutal serait sortie de la pièce. Je le détestais celui-là, c'était officiel. Il n'y avait pas grand monde que je ne portais pas dans mon coeur mais il venait de s'ajouter à la liste.

J'essuyais mes joues de ma main tremblante, encore sonné par ce qu'il venait de se passer. Heureusement, le temps avait fait que j'avais fini par ne plus vraiment craindre Jun, ce dernier avait été d'ailleurs le premier à être le spectateur de mes crises.

- Pourquoi tu t'excuses...?

Demandais je tout en reniflant. Ce n'était pas de sa faute si son collègue était violent. Puis il y avait d'autres malades à s'occuper ici que moi. La secrétaire avait juste oublier mon soucis et n'avait pas envoyé une infirmière. J'aurai pu attendre cinq minutes de plus même si ma jambe me faisait mal.

- Non j'ai rien il m'a juste fais un peu mal en me tenant contre le fauteuil...

Expliquais je, en ne pouvant pas m'empêcher de frisonner en me rappelant ses mains sur mon épaule. Ce n'était pourtant rien de dramatique aux yeux des autres mais pour moi, qui avait été victime de harcèlement c'était différent. Chaque contact trop intime me mettait en panique.

- Mais moins mal que la blessure que je me suis faites...

Rajoutais je pour le rassurer. Je savais que Jun serait doux dans ses soins, il avait l'habitude vu le nombre de fois que je venais à l'hôpital. A force il en avait peut être même marre de voir ma tête mais je ne pouvais pas rentrer chez moi avec la peau de la jambe à moitié arraché.

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“Never again!” & A chaque fois qu'il ouvrait les yeux le matin, Jun remerciait et détestait le ciel pour être encore là. Cela annonçait simplement une autre journée. A vivre dans la peur, dans la douleur, dans la crainte que quelque chose n'arrive. C'était si simple, de se dire qu'il pouvait partir, trouver un autre appartement et vivre une autre vie. C'était si simple, de se dire qu'il n'avait qu'à partir, rien ne le retenait vraiment dans cette ville, pas vrai ? Oui et non. C'était vrai. Mais c'était faux. Jun avait son travail, et même s'il pouvait retrouver un poste similaire ailleurs, il ne pouvait pas quitter cet hôpital. Il connaissait le lieu par cœur, aujourd'hui. Il connaissait les patients, ses collègues. Il s'était fait une place dans cet univers qu'il se réservait. C'était un peu son petit coin de paradis, aussi étrange et maladroit que cela puisse paraître. C'était là-bas qu'il se sentait le plus libre. C'était là-bas qu'il se sentait un peu plus maître de sa vie – ce n'était que fictif, il le savait. C'était comme un placebo. L'effet se dissipait quand il sortait de la bâtisse, encore plus lorsqu'il franchissait le seuil de sa porte.  Il ne voulait pas quitter cet endroit, cette place qu'il avait réussi à avoir. Il ne voulait pas partir. Pas comme ça. De plus il avait ses habitudes ici. Il avait ses habitué.e.s, aussi. Nam Kyu en faisait parti. Et rien que pour lui, rien que pour vouloir rester à ses côtés et l'aider à chaque fois qu'il arrivait à l'hôpital, il ne voulait pas partir. Il voulait être présent à chaque fois qu'il était assis dans une salle.

Présent, oui, il l'était. Mais en retard. La scène avait été absolument abominable. « Parce que... », commença-t-il, ne sachant pas vraiment où la fin de sa phrase le mènerait. Ses lèvres bougèrent mais aucun mot ne sortit. « J'aurais dû être là plus tôt », faute aux circonstances, ce n'était pas sa faute en particulier. Mais c'était tout comme. Il lui offrit une fine esquisse, lui proposant ensuite un mouchoir pour essuyer ses joues. Se pinçant les lèvres, il l'observa, un peu plus désemparé et désolé au fil des secondes qui s'écoulaient. Un peu plus coupable, aussi. « Tu es sûr ? », voulut-il s'assurer.
Un autre sourire vint se placer sur ses lippes aux mots du patient, sa frimousse devint plus attendrie. Il essayait de le rassurer, c'était adorable – ça devrait être l'inverse, normalement. « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Tu es tombé ? Raconte-moi », qu'il dit tout en préparant ce dont il aurait besoin pour soigner la plaie, avant de s'installer face à lui. Il commença par désinfecter la pluie. « Ca risque de piquer. Si ça fait trop mal, dis-le moi. Je ne pense pas devoir recoudre...», il leva brièvement le regard vers lui, avant de se reconcentrer sur la blessure, concentré. « Qu'est-ce que tu as fait aujourd'hui ? », demanda-t-il, préférant lui changer les idées pendant qu'il le soignait. « A part attendre ici je veux dire », il rit discrètement, ses mains bougeant le plus doucement possible pour ne pas lui faire de mal. « Tu as un animal ? Je ne me souviens pas t'avoir déjà demandé »

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“Never again!” &Cela se voyait que Jun s'en voulait d'avoir loupé le rendez vous surprise. J'étais très loin de le pointer du doigt en tant que coupable dans cette mésaventure. C'était une preuve que l'infirmier était un amour et j'avais eu de la chance de tomber sur quelqu'un d'aussi patient. Le corps médical n'avait pas tous les même taux de patience et avec moi il en fallait énormément, surtout chez les hommes.

- Mais tu savais pas que j'étais là

Je tentais de le rassurer comme je pouvais même si je n'étais pas très doué pour ça. Il y avait eu plus de peur que de mal grâce à son intervention d'ailleurs. J'étais juste un peu secoué mais j'allai rapidement oublié ce petit chapitre. Je remerciais d'un sourire Jun pour le mouchoir en papier et essuyait mes larmes.

- Oui je suis sur

La suite promettait d'être moins joyeuse ceci dit avec les soins qui allaient arriver. Je n'étais pas genre de patient à hurler quand on me mettait du désinfectant mais j'avais un geste automatique de la jambe. Les coups de pieds partant tous seul même si je tentais de me retenir.

- Je crois que j'ai trébuché dans un petit trou dans le trottoir...ça s'est passé assez vite

Je racontais avec le peu de souvenir que j'avais de ma chute, pensant plus au sang qui s'était mis à couler de la plaie. J'allai devoir jeter mon pantalon qui était à présent troué. Ma maladresse me coûtait aussi une fortune. Le réflexe était parti tout seul lorsque Jun avait posé la compresse sur ma blessure, heureusement pas très fort mais un "oups" s'était échappé de mes lèvres.

- J'ai travaillé, je me suis fait ça en sortant du café ! Heureusement que ma collègue était là...

Sans elle, je ne sais pas ce que j'aurai pris comme décision au final.

- Non j'en ai pas, mais j'aimerai bien...Seulement j'ai peur de le blesser ou quoi. Je serai capable de lui tomber dessus

Les animaux, je les adoraient et nul doute que l'heureux animal serait couvé de bisou. J'avais tout de même un peu de mal avec les rongeurs car ça me rappelait les rats qui venait dans la grange. Je n'en avais pas croisé beaucoup dans ce monde, seulement dans des endroits sales. Comme là où on sortait les poubelles.

- Et toi tu en as un ?

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“Never again!” & « Oui mais... quand même », ses mots terminèrent dans un murmure, un chuchotement presque timide, presque coupable. Évidemment, il ne voyait pas à travers les murs, il ne savait pas ce qu'il se passait quand il n'était pas là. Mais il s'en voulait tout de même. Nam Kyu n'aurait pas dû vivre ça aujourd'hui, il aurait dû être là. Il aurait dû le savoir, ou du moins, essayer. On aurait dû le prévenir, aussi. On aurait dû lui dire. Son collègue aurait pu s'occuper de la petite fille, et lui de Nam Kyu. C'était trop tard, maintenant. Et il regrettait. « D'accord », souffla-t-il lentement, une fine esquisse venant se dessiner sur ses lippes alors qu'il l'observait sans dire un mot de plus.
Il préférait essayer de le distraire, de l'interroger sur sa venue ici. Cela concentrait ses pensées sur autre chose que l'événement qui venait de se produire.
« Un petit trou ? », qu'il répéta, clignant des paupières, un brin penaud sans doute alors qu'il tentait d'imaginer le petit trou, le trottoir, la chute. Il sursauta quelque peu au réflexe du jeune homme et secoua le visage, s'excusant en silence avant de continuer. « Heureusement oui », il leva le regard vers lui, inquiet. Il n'y avait rien à faire contre la maladresse. Même lui dire de faire attention ne changerait rien, c'était juste ainsi. Mais Jun espérait réellement qu'il prenne soin de lui, qu'il fasse attention à ne pas tomber n'importe où. Ca aurait pu être pire et bien plus grave. S'il était tombé sur la route, par exemple, alors qu'une voiture passait ? Ou s'il était tombé dans un trou plus grand ? Il aurait pu se faire bien plus mal. La plaie, c'était douloureux, mais ce n'était à côté de ce qui aurait pu arriver. Il aurait pu se casser la jambe, aussi.

Il s'occupa le plus doucement possible de la désinfection, il vérifia soigneusement qu'il n'aurait vraiment pas besoin de recoudre, appuyant parfois, s'excusant directement en le faisant. Il fit une légère grimace face au pantalon, car pour lui, il n'y avait vraiment plus rien à faire. Il rit discrètement, hochant le visage. « Je pense que tu ferais tout de même attention si tu en avais un. Inconsciemment », tenta-t-il de le rassurer dans un sourire un peu plus grand. « Oh euh non... », dit-il, baissant le regard sur la plaie, s'occupant les mains avec le pansement qu'il allait mettre. Il tourna un peu le dit pansement, avant de remarquer qu'il serait sans doute trop petit. Il quitta son siège et alla fouiller dans le meuble à côté d'eux. « Je voudrais bien en avoir un. Un chat, peut-être. J'aime bien leur côté calme », il revint s'asseoir avec le bon pansement. « Mais... », il se racla la gorge, soudainement timide, honteux. « Il ne veut pas... », soupira-t-il dans un bref mouvement d'épaules. Son visage se ferma un instant, un air quelque peu dérangé, attristé, venant décorer sa moue. Un air inquiet, aussi. Il ne pourra sans doute jamais avoir d'animaux. « Oh pardon », lâcha-t-il en remarquant qu'il s'était perdu dans ses pensées, le pansement survolant la plaie.

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“Never again!” &Jun était tellement gentil qu'il s'en voulait de ne pas être arrivé avant. Il était vrai que son absence m'avait causé des soucis mais c'était la vie. J'étais aussi le coupable dans l'histoire à être aussi faible face aux hommes. Ce n'était qu'un simple infirmier et pourtant mon coeur s'était tout de même emballé face à sa proximité. Il me fallait malheureusement du temps pour apprivoiser mon prochain. Mais maintenant que Jun était là, je me sentais beaucoup mieux. Ce dernier avait su apprivoiser mes craintes et même si il me touchait la jambe, je ne ressentais aucune crise. Le pauvre devait tout de même en avoir assez de me voir aux urgences. A croire que je passais ma vie ici, tellement j'étais maladroit. Même un trou était plus fort que moi. Mes péripéties semblaient l'avoir surpris d'ailleurs, et un sourire gêné un peu honteux s'était formé sur mes lèvres.

- Bah si c'est pas un trou j'arrive à m'emmêler les jambes

Déclarais je pour montrer que je n'avais pas forcément besoin d'un obstacle pour tomber : j'en étais moi-même un. Combien de fois je m'étais étaler par terre comme une crêpe en courant simplement parce que j'étais pas capable de mettre un pied devant l'autre ? Ou quand je dansais dans mon petit chez moi et tombait sur le sol d'un coup. Non vraiment, j'étais irrécupérable.

Jun faisait un peu mal en prenant soin de ma plaie mais c'était pour mon bien. Et puis j'avais survécu à la noyade et à l'hiver je pouvais bien prendre sur moi. C'était surtout le désinfectant qui piquait. Heureusement on papotait pour me focaliser sur autre chose que la douleur à ma jambe.

- Bien sur ! Je voudrais pas l'écraser par mégarde

J'aimais beaucoup trop les animaux pour leur faire du mal. Je lui demandais d'ailleurs si lui avait un animal chez lui. Ma question avait l'air de l’embarrasser. Je ne comprenais pas qui était ce "il". Son père ? Son frère ? Son colocataire ? Cette personne était pas très sympa de ne pas laisser Jun avoir un chat.

- Pourquoi il veut pas ? C'est trop mignon un chat et ça fait des câlins !

Cette situation attristait l'infirmier et je n'aimais pas le voir triste comme ça. Il s'était même arrêté avec le pansement juste devant ma plaie, comme si il s'était perdue dans ses pensées. Un état que je connaissais aussi assez bien. Il m'arrivait d'être en arrêt quand je réfléchissais à la vie et à des choses tristes. Une idée m'étais alors venu et je mettais la main dans la poche de mon pantalon avant d'en extirper une clé où était aussi accroché un porte-clé Hello Kitty. Tant bien que mal je défaisait l'objet de sa prison pour ensuite tendre mon chat préféré à Jun avec un grand sourire.

- Tiens, c'est pas un vrai...mais il est tout aussi mignon !

J'en avais encore pleins d'autres à la maison, alors un de moins n'allait pas me tuer.

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“Never again!” & Il donnerait tout pour son travail, Jun. Il sacrifierait tout pour son travail, ses patients. C'était idiot, dans un sens. Mais le travail le gardait loin de l'appartement, loin de ses soucis. Le travail lui permettait de faire quelque chose de bien, pour commencer avec ce mal qu'il devait faire ou penser, parfois. Faire son travail lui permettait de se vider l'esprit, de se faire du bien, aussi. Travailler était devenu un médicament. Et même s'il savait que ce n'était pas une bonne chose, il continuait quand même, tête baissée. Il ne réfléchissait pas, acceptait de faire des heures supplémentaires sans chercher à comprendre, à savoir. Il faisait tout pour son travail, Jun, parfois trop. Une esquisse attendrie étira ses lèvres. Il lui offrit un air doux, le regard tout de même inquiet. « Je vois », déclara-t-il doucement. « Fais attention à toi quand même hein ? », même s'il se doutait que c'était pas de sa volonté. Même s'il se doutait que c'était plus facile à dire qu'à faire. Il aimerait éviter de voir le jeune homme plus blessé que ça. Il n'aimerait pas le voir grièvement blessé.

Un léger rire roula dans sa gorge, son regard se levant vers Nam Kyu avant qu'il ne secoue le visage. « Tu ne pourrais pas l'écraser », confia-t-il, sûr de lui, un autre rire roulant tout de même dans sa gorge. Rire qui s'éteignit petit à petit. Il en voudrait bien un, d'animal. Une petite compagnie à poils, une compagnie douce et tendre. Sans doute qu'il ne la méritait pas, dans le fond. Un faible « Oh » quitta ses lèvres et il l'observa un instant, les pommettes rougies. « Il... Il n'aime pas trop les animaux », il se racla la gorge, gêné. Il aurait trop peur qu'il s'en prenne à l'animal dans un moment de colère, aussi. Pauvre bête. « Mais oui c'est trop mignon, et c'est doux ». Et il se retrouvait là, comme en pause, à réfléchir à tout, à rien, à lui, à eux. A sa vie, au reste. Il cligna des paupières, penaud, fixant l'objet devant lui. Ses prunelles se redressèrent vers lui, et il le fixa un instant sans rien dire, sans oser. Il posa enfin le pansement dans une brève excuse et ôta un gant attrapant, hésitant, le porte-clé. « C'est vraiment gentil », son regard détailla l'objet, un sourire naissant petit à petit sur ses lèvres, son regard s'humidifiant lentement. « Merci beaucoup », souffla-t-il, ses doigts serrant l'objet comme s'il s'accrochait à lui. Il se mordit la lèvre, regardant encore le porte-clé, un sourire aux lèvres. Il ne devrait pas l'emmener chez lui. Si Ji Tae le voyait... « J'en prendrai soin, c'est promis », déclara-t-il, une promesse muette au bord des lèvres. « Mais tu es sûr hein ? », s'assura-t-il en le fixant. Il ne voulait pas donner l'impression de le lui voler ou quoi que ce soit.

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“Never again!” &Je n'avais besoin de personnes pour le faire du mal. La preuve j'étais tombé tout seul et résultat : une belle blessure à la jambe et un aller à l'hôpital. Ce lieu était un peu devenu ma deuxième maison mais j'aurai préféré plutôt un palais comme résidence secondaire. Mon petit chez moi m'allait aussi très bien, je me sentais très bien dans mon petit appartement. Peut-être qu'un jour j'y inviterai Jun à boire le thé ? Pour l'instant il n'y avait pas grand monde qui avait vu ma demeure. J'étais encore assez frileux, c'était tout de même un lieu intime non ? Même si Jun était gentil avec moi et s'inquiétait pour moi il restait un homme. Au fond je savais parfaitement qu’il ne serait pas capable de me faire du mal. Son air inquiet actuel me le prouvait bien.

- Promis, je ferai attention où je marche

J'étais un peu tête en l'air parfois et ne voyait pas forcément ce qui se passait sous mes pieds. Heureusement, je ne m'étais pas cassé encore quelque chose. Seulement des blessures et des bleus. Je craignais tellement ma maladresse, que je ne voulais pas qu'un animal en pâtisse. Me retrouver sur un chat ne me plaisait pas du tout, et je pensais à la pauvre bête. Si moi c'était à cause de mon côté maladroit que je n'avais pas de chat, pour Jun ça avait l'air plus grave. J'ignorais qui était cette personne mais l'infirmier avait l'air terrifié non ? Je savais que c'était mal de se mêler de la vie des autres alors je n'avais rien dit sur sa réaction. Me contentant de gonfler les joues face à sa réponse. Jun était très gentil, ce n'était pas juste de devoir supporter les envies des autres. Je ne pourrais pas vivre avec quelqu'un moi. Cette personne piquerait forcement une crise face à ma décoration enfantine. Il fallait savoir que je ne venais pas de ce monde alors ce que les enfants avaient découverts depuis longtemps, je venais juste de le connaître. De là où je venais je ne connaissais que les poupées de chiffons et les animaux en bois. Pas de peluches aussi réelles qu'un tigre ou qu'un chien.

- Il est pas drôle ton copain ~

Un chat c'était tout mignon et ça faisait des câlins. Tout ce qui me fallait en somme pour me réconforter quand j'avais peur ou que je faisais des cauchemars. Jun n'avait pas le droit d'avoir un animal réel mais un porte-clés ? J'avais sorti celui qui était accroché à la clé de ma maison pour le tendre à l'infirmier. Celui-ci était encore parti ailleurs et c'était à mon tour de m'inquiéter pour lui. Autant d'absence devait cacher un truc. Etait-il malade ?

- Bien sûr que j'en suis sûr ! J'en ai encore pleins si tu en veux d'autres !

Déclarais-je avec un grand sourire. Et puis si je lui avais donné c'était que je le voulais. Ce n'était pas comme si il m'avait obligé à lui donner. Puis vu son sourire, mon cadeau avait l'air de lui faire plaisir. C'était la moindre des choses que je pouvais lui offrir après tout ce qu'il avait fait pour moi.

- Mais dis-moi  Jun, tout va bien ? Tu as l'air dans les nuages

Avais-je fini par demandé tout en descendant enfin du fauteuil maintenant que mon pansement était terminé. J'avais mal, et une légère grimace avait déformé mes lèvres mais je ne mettais plus de sang partout.

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