back to u » joan

Lune en reine sur le ciel étoilé. Croissant qui se forment sur ton visage tandis que tu relèves la tête, laisse le froid mordant de l’hiver naissant te lacérer l’épiderme. Tu n’avais jamais pensé que le froid pouvait aussi rapidement s’installer. Et pourtant, tu étais passé maître en ce qui avait trait à la température. Seul un bon navigateur pouvait déceler aisément la menace qui se cachait derrière une brise. Et pourtant, ce soir, c’était agréable. Jolly tirait plus qu’à la normale sur sa laisse, présage d’une longue balade.

Mais ça ne te dérangeait pas.
Parce que tu allais le rejoindre.

Peut-être l’avait-elle sentie, la fébrilité qui émanait de ton être, de la tête aux pieds. Parce que si tu étais d’une écoute infinie, la bête l’était encore plus. C’est elle qui remarque votre chaînon manquant, elle qui lui saute dessus sans que tu ne puisses faire quoi que ce soit pour l’en empêcher. C’est elle qui le pousse dans ta direction et tu le rattrapes de justesse avant qu’il ne s’étale dans le banc de neige. « Come on Jolly, let him be. » Ton qui se veut quelque peu réprobateur, contrecarré par les fossettes qui se creusent une place sur ton faciès. « Je m’excuse, Joan. » Main qui parcoure lentement le manteau de ton cadet pour le remettre en place, sourire qui s’étire une nouvelle fois lorsque tes iris se posent réellement sur lui. « I think she misses you. » Et peut-être que toi aussi. Parce que tu l’avais remarquée, cette distance installée. Bien que moins présente, tu le voyais se défiler. Tu n’étais pas dupe. Chienne qui se met d’elle-même en marche, main qui se tend pour attraper celle du brun, froideur glaciale contrastant avec la chaleur de la tienne, frisson qui parcoure ton échine. « Où veux-tu aller ce soir, Jo’? » Carte blanche déposée entre ses griffes, comme à chaque lundi soir. Rencontre hebdomadaire, moment sacré par-dessus lequel jamais tu n’aurais pu passer, peu importe la distance imposée.

Griffes acérées se resserrant autour de lui, l’étau d’un brûlant glaçage qui le prend au corps. Il hait l’hiver. Il enfonce ses lèvres au fond de sa bouche dans l’espoir de mettre terme aux tremblements qui s’en saisissent. Ses épaules frémissement, il ne sent presque pas ses pieds enfouis dans des bottines en cuir noir. Il soupire. Le froid ne l’attestera pas, dans la rue ou dans son misérable studio, le froid se frayerai un chemin sous les couches de vêtements afin de le glacer, alors il pouvait bien, au moins, répondre à cette promesse silencieuse que les deux hommes s’étaient faits, et continuer à se rendre à ses rendez-vous nocturnes, la lune en témoin et certainement quelques flocons aussi. Ils se sont arrêtés mais Joan est certain qu’il recommencera bientôt à neiger.

Il est adossé à un arbre au feuillage décrépi, jouant de sa semelle avec le sol blanc. Il contemple longuement cette dernière acquisition et les prochaines journées de famine qu’engendrera cet achat compulsif et luxueux, semblable à tant d’autres.

Joan est ailleurs et il réprime un hoquet de surpris au moment où le grand canidé lui saute dessus, le déloger du confort de sa position pour l’entrainer vers son maître. Coup de museau maîtrisés à l’arrière de son genou, rapport de force déséquilibré, au rythme de ses marches titubantes et il se serait retrouvé au sol si Cameron ne s’était pas imposé en rempart, le réceptionnant contre lui. « It’s okay. » C’est agréable, chaleureux. Un contact tout aussi familier que le froid, mais celui-là est accueilli avec plaisir.

Il se laisse faire, laisse Cameron mettre de l’ordre dans son manteau, affamé comme souvent de ces brides d’attention. Leurs regards se croisent, le visage de son ainé est un réceptacle de toute source de lumière, il le fascine, lui fait rater un battement et Joan est reconnaissant du froid qui avait rougi ses pommettes, dissimulant ainsi la chaleur qui s’y est propagé en réponse à cette proximité. Il se détourne un instant de l’homme et s’accroupit face à la chienne, flattant son cou de quelques caresses, elle y répond de joyeux glapissement. « I missed her too. » rétorque-t-il simplement, avant de reprendre place aux côtés de Cameron. Rapidement la main de brun vient à la recherche de la sienne, ses doigts se figent un instant à ce contact ; un instant aux allures d’heures puis il se résout à entrelacer leurs doigts, à s’abandonner à sa faiblesse comme souvent. La main de Cameron est chaude, l’a toujours été, il l’en envie – un peu moins quand il lie sa paume et la sienne et lui communique cette précieuse sensation. « J’ai vu un stand de crêpes à l’autre entrée du parc en arrivant ici, ça donnait envie. » répond-t-il simplement, ce n’était pas une demande claire, peut-être un caprice silencieux.

Froid qui s’installe, qui reprend sa place de choix. C’est un aspect de ce monde duquel tu pourrais très bien te passer. L’avantage c’est qu’à Wonderland la température était toujours - ou presque - clémente. Seule la mer semblait parfois s’emporter, mais jamais elle n’avait posé problème pour un corsaire de ta renommée. Coeur qui se réchauffe en un instant lorsque Jolly ramène le jeune homme dans ta direction, qui entre en effervescence lorsque tu es témoin de leur complicité. Ce sont ces petits moments qui apportaient un doute en toi. Qui te faisait douter à savoir d’où venait cette rancoeur qui parfois t’habitait. Qui jetait de l’incompréhension face à tes agissements passés.

Peut-être que ce monde t’avait vraiment changé. 

Fourmis qui s’installent au creux de ta paume. Après deux ans, tu as parfois du mal à croire que Joan puisse rivaliser avec la température. Tu as du mal à concevoir qu’un être humain puisse être plus froid que la neige elle-même. Et pourtant, ces frissons qui remontent le long de ta main, ils ne te laissent pas de glace. Parce que pour une fois, tu peux ressentir quelque chose, autre qu’une lourdeur ou un sentiment d’incapacité. Sourire qui retrouve une nouvelle fois le chemin de ton visage tandis que tu relèves la tête, flocon solitaire venant s’échouer contre ta joue. « Anything you want, boo. » Réponse positive à sa demande silencieuse. Ça aussi, c’était quelque chose qui te faisait sourire. Lorsque le plus jeune laissait des indices ici et là, sans jamais dire explicitement ce qu’il voulait, ou ce qu’il attendait. Essais et erreurs dans le but de le découvrir et de mettre le doigt sur la bonne chose. « Belles chaussures. » Prunelles qui s’attardent un moment sur le visage rougit du jeune homme avant de retourner à ses pieds, détail que tu avais remarqué dès son arrivée. Goût du luxe prononcé qui se traduisait parfois par des choix un peu moins adaptés. Mais comment lui en vouloir, surtout lorsqu’il te lançait ce genre de regard qui te donnait l’impression de briller de milles feux. 

Et tu ne peux dire si c’est le froid ou la gêne, mais tes joues se teintent à ton tour d’une pellicule rosée tandis que tu portes de nouveau ton attention sur la chienne qui suit le chemin, direction le stand de crêpes. « J’espère que tu sais que tu ne rentres pas chez toi ce soir. » Phrase dite sur le ton de la confession, sans aucune arrière pensée. Tu refuses tout simplement de le laisser à lui-même, sachant pertinemment qu’il n’oserait peut-être pas te dire que le chauffage était encore une fois coupé.

Il sait qu’il comptera impatiemment les jours jusqu’à ce que la température s’adoucisse et devienne plus clémente envers son corps frigorifié par la moindre bourrasque de vent. Scénario qui se joue chaque année, inlassablement, la neige revêt le bitume de la ville et ses parcs, les enfants tout autour de lui amusés par les flocons qu’ils recueillent au creux de leur paume tandis que lui essaie de fuir chacun d’eux. Il déteste l’hiver, déteste ce manteau blanc et immaculé auquel il ne trouve aucune beauté. Il est déjà las d’attendre le prochain été, bien que la sensation de la paume de Cameron contre la sienne en ait une saveur proche. Il espère que le plus vieux ne soit pas dérangés par ses doigts glacés qui entourent fermement sa main ; le besoin de lui dérober un peu de sa chaleur dépassant l’inquiétude.

Le choix de leur destination lui est offert, pourtant Joan n’amène aucune précision, se contentant de quelques indices parsemés que l’autre n’a plus de peine à comprendre. Son sourire grandit, l’esquisse de plus en plus lumineuse sur le faciès quand le compliment sur ses chaussures est murmuré. Cameron semble décide à lui faire plaisir ce soir. Joan abandonne sa main pour un instant, hâtant le pas pour se retrouver face à son ainé et sautillant fièrement pour montrer sa coûteuse acquisition. Les iris plus éclatant que toutes les étoiles réunies. « I know right ? they’re limited edition, and it was the last pair ! Can you believe how lucky i was to get it ? » Réellement, c’était surement sa malchance qu’il fallait blâmer pour l’avoir laissé s’endetter une énième fois et dormir le ventre vide pour une semaine. Il revient rapidement au côté du brun et retrouve la chaleur de sa main. Il presse doucement ses doigts au dos de sa main, silencieusement reconnaissant.

La voix de Cameron s’élève de nouveau et il lève la tête vers lui, lui offrant un regard espiègle. « Tu comptes me kidnapper ? Ça me va. » Il sourit doucement, les joues plus brûlantes et il préfère ne plus y porter son attention. Jolly continue à vagabonder à quelques mètres d’eux et bientôt le stand de crêpes lui apparait. « This one. montre-t-il en pointant de sa main libre le stand. It smells so good, hm ? » chantonne-t-il, incapable de dissimuler son excitation alors qu’il accélère la cadence, entraînant Cameron à sa suite.

Tu as parfois l'impression de faire face à un enfant. La différence d'âge entre vous est minime, à peine remarquable, mais il semble parfois y avoir un monde entre le sien et le tien. Ou peut-être est-ce seulement une question de perception, ou de priorité. Le rapport à l'argent n'avait jamais été le même, très certainement parce que ton compte en banque n'avait tout simplement pas de fin et que lui, en contrepartie, crevait la majorité du temps de faim. Parade devant tes yeux tandis que tu t'arrêtes pour le regarder, mains sur les hanches, profitant de la pause pour le regarder de haut en bas. Yeux qui brillent de milles feux, chaleur qui s'infiltre dans ton coeur. « It suits you well. You are indeed lucky. You should've asked me... » Remarque presque silencieuse alors que vous reprenez la route. Tu aurais payé, sans hésiter. Cadeau de Noël à l'avance s'il le faut, tout pour qu'il puisse continuer de se mettre quelque chose sous la dent. Et peut-être pour atténuer les tensions des semaines passées.


Joues qui se teintent une nouvelle fois de rouge lorsque l'emprunt pour la nuit est accepté. Jolly qui se met à courir derrière le plus jeune dès qu'il accélère le pas. Tu ne peux nier que Joan a de bons goûts. Tu sens ton ventre gargouiller avant même que l'effluve ne se rende à ton nez. « It looks divine. You know all the good places, I'm jealous. » Main gauche qui s'affaire à replacer la laisse du canidé tandis que tes yeux parcourent le menu. « Strawberry chocolate looks too good to be true. » Choix qui se fait assez rapidement. Tu attends que le plus jeune t'indique sa préférence avant de t'avancer vers le stand et prendre votre commande. C'est par habitude que tu en demandes une troisième et que tu payes pour vous deux. Tour sur toi-même pour aller rejoindre le brun, bras qui se tendent pour prendre d'assaut sa taille, menton qui repose délicatement contre son épaule. « Can you hold her for a minute? I'll need both my hands or I'll make a mess. » Légère moue qui tire tes traits lorsque tu tends la main droite, laisse passée lâchement sur ton poignet gauche. Avoir cette main était un handicap avec lequel tu avais appris à vivre. Comme tu avais appris à aimer le contraste entre ta peau brûlante et celle glacée de Joan. Deux mondes opposés qui se rencontrent.

Le regard de Cameron glisse sur lui, il le sent, chaleureux et avenant, alors qu’il fait parader son dernier achat en date. Le regard de Cameron est une chose qu’il avait souvent guettée avant. Entre les murs de l’appartement, la beauté immaculée de ses traits avait souvent suscité l’attention de ses yeux, fasciné par tout ce qui brille. Et l’attraction avait fini par dépasser le stade physique, se muant en quelque chose de plus profond que Joan ne saurait réellement décrire. Il voulait son attention, il voulait ses pensées. Le regard de Cameron s’est finalement dirigé ailleurs, vers un autre, et lui s’est habitué à la légère amertume qu’il a senti couler le long de ses veines ce jours-là. Elle n’a pas disparu, seulement est devenue une part entière de son quotidien, assez pour qu’il ne s’y attarde plus très longtemps. Il préfère continuer de nouveau à apprécier les moments passés à deux et ne plus penser à tout ce qui les entoure ; maigre lot de consolation auquel il se fait. Cameron assure qu’il aurait dû le lui demander et Joan sourit doucement en revenant à ses côtés. « Maybe next time. » murmure-t-il, les deux sachant parfaitement que Joan ne demandera jamais. S’il accepte avec plaisir les cadeaux que lui offre Cameron, il lui est plus difficile d’en faire la requête de vive voix, craignant de sembler profiter de lui et de son compte bancaire.

« Oh this one, berries and cream cheese. » Il point de l’index l’item sur le menu et sourit doucement, laissant l’ainé se charger de leur commande. L’esquisse sur le visage du garçon s’accentue malgré lui face à la scène qu’il contemple, Cameron bataillant entre la laisse de Jolly et les crêpes. Attendrissement en réponse à la moue de Cameron, il aime pouvoir lui porter la moindre aide à son tour. « Yeah, yeah, sure. » Joan attrape la laisse et attache la laisse autour de son poignet avant d’attraper sa crêpe, sa main rejoint naturellement le bras droit de Cameron, il pouvait bien se le monopoliser après tout. « You always feel so warm, it’s nice. » s’extasie-il tout doucement, frottant lentement son front contre l’épaule du plus vieux plus déloger maladroitement quelques mèches rebelles de son visage. Il prend enfin une grande bouchée de sa crêpe et un soupir de plaisir lui échappe sous la sensation sucrée et réconfortante. « Comment était ta journée ? Tu as fait quoi ? Tu as pensé à toi ? » ajoute-t-il, les derniers mots se voulant plus espiègles et taquins.

Les yeux de Joan te font fondre, tout simplement. Tu as l’impression que toutes les étoiles du monde se retrouvent au fond de ces deux prunelles, et tu sais que tu n’aurais aucun mal à te perdre au fond de ses orbes. C’est probablement pourquoi tu avais toujours eu de la difficulté à lui dire non. Tu avais toujours eu du mal avec les gens plus jeune que toi, encore plus avec les enfants. Malgré tout, tu n’avais jamais su lui refuser quoi que ce soit, dès le moment où tu avais ouvert la porte de l’appartement et qu’il était apparu. C’était ce regard qui te rendait un peu trop fragile à ses agissements, réceptif à tout ce qu’il pouvait dire, ou demander. Joan avait su se tailler une place jusqu’à ton âme avant même que tu ne puisses t’en rendre compte. Et ce sont ces moments loin de lui qui te faisait prendre conscience de son importance. Et tu n’étais pas dupe, tu avais remarqué le changement depuis que tu n’étais plus célibataire. Tu avais remarqué la distance qui semblait s’être installée, du moins, de son côté. Et c’est peut-être pourquoi tu sembles redoubler d’effort pour qu’il te revienne, et qu’il reste, une bonne fois pour toute. 


Joan qui te monopolise dès que tu reviens près de lui. Geste qui t’arrache un sourire, bien que tu ne sentes très bien l’étau qu’il apporte à ton bras. Sa froideur, ça, par contre, elle te transperce jusqu’à l’os. « I love how cold you are. You always tone my hotness down. » Sourire qui redouble de volume, souffle qui se bloque au creux de ta gorge. Good Lord. Joan qui frotte son front sur ton épaule, les mèches rebelles qui restent collées à son front. Tu remontes ta main droite du mieux que tu le peux pour dégager son front, lippes qui s’étirent et qui le baigne de tendresse. « Ma journée était interminable. I went to class. I couldn’t stop thinking about you, though. J’avais vraiment hâte de te voir. » Main sans vie qui retombe à tes côtés, main gauche qui se lève pour que tu plonges à ton tour tes dents dans ta crêpe, comme pour te distraire de ce que tu venais de lui révéler. « Et toi? » Fraise qui tombe au sol sans que tu ne t’en rendes compte, Jolly qui saute sur l’occasion et qui tire sur la laisse, ton corps et celui du plus jeune qui se retrouvent presque fusionné, nez à nez. Rire au éclat, tu ne te souviens trop quand tu as pu le faire, la dernière fois. « I’m so, so sorry. This isn’t going well... »

Et le froid se faisait moins brutal, quand il avait son bras autour de celui de Cameron. Il en apprécie le contact et la promiscuité, la glace qui s’était pour quelques semaines dressé entre eux, plus grinçante que la neige a leurs pieds, avaient doucement fondu. Si le froid persistait à quelques recoins, chacun faisait de son mieux pour en venir à bout. Joan voit les efforts de l’ainé, ces rencontres chaque semaine qu’il tente de préserver ; moment solitaire à deux, loin de l’appartement qui a guidé leurs rencontres et les prémices de la dérive d’une unique nuit. Il ne veut pas non plus se terrer dans ses regrets et c’est pour cela qu’il se retrouve à ce parc, à la même heure, dans l’attention de retrouver Cameron et le canidé l’accompagnant. Un pas après l’autre, Joan avait ralenti la cadence de sa fuite, la distance qu’il avait créée s’était amenuisée. Tout n’était pas exactement comme avant, il sait seulement qu’il déteste être loin de lui. Il a moins mal à ses côtés, plus chaud, aussi.

Il raffermit sa prise autour du bras de Cameron, conscient que ce n’est qu’ainsi que le jeune homme pourrait légèrement sentir sa présence. « You’re the perfect hot pack. » réplique-t-il plus taquin, le sourire léger alors qu’il frotte son font contre l’épaule de l’ainé. Cameron remarque surement sa bataille vaine puisqu’il sent rapidement ses doigts sur son visage, les centimètres qui disparaissent, mais ce sont les mots qui s’en suivent qui lui cause le plus de tourments. Syllabes qu’il articule d’une telle innocence, comme si Cameron n’était pas conscient de tout le trouble qu’il pourrait lui causer. « Don’t say that. » souffle-t-il si bas. Les mots sur les lèvres de Cameron étaient surement innocents, qu’il pense à lui et qu’il ait hâte de le voir, Joan sait qu’il ne fait qu’extrapoler et espérer. « The usual, un peu de shopping, j’ai trainé dans les rues et je suis allé livrer des… » Il est interrompu par Jolly qui tire sur sa laisse, le prenant par surprise au moment où il ne la retenait pas avec assez de force. Corps de l’un contre celui de l’autre, les nez qui se touchent et le rire de Cameron fait face à ses pommettes voilées de couleur. « It’s okay, it’s okay…are you fine ? » inquiétude balbutié et le cœur prêt à partir en vadrouille. Il jette un regard boudeur à Jolly, certainement le destin qui guide ses pas pour l’embarrasser davantage. Il recule légèrement, le rire de Cameron toujours en tête – il veut l’entendre, encore et encore. « Maybe we should look for a bench. » Son main glisse du bras de Cameron jusqu’à sa main, de l’autre il fait attention à bien retenir la chienne et ils marchent quelques mètres jusqu’au banc. Il laisse le jeune homme s’assoir en premier avant de le rejoindre, prenant enfin une grande bouchée de la délicieuse crêpe. Il se tourne vers Cameron et relève lentement le pouce jusqu’à la commissure de ses lèvres. « You’ve got something, là, c'est bon. » Il essuie quelques traces de chocolat à peine visibles, geste si cliché, mais le besoin de contact est là.