l'enfer, c'est les autres | ft Woo Hyun

Un frisson sur sa peau, et le voilà qui tremblait légèrement, soufflant de petites bouffées d'air comme pour espérer se réchauffer. Ses doigts s'agrippèrent un peu plus à son pull épais, tirant désespérément sur les manches pour garder la chaleur. Il releva distraitement le col qui cachait son cou, plongeant son menton dans le tissu alors qu'il avançait. Il ne pensait pas qu'il allait faire aussi froid aujourd'hui. Le temps était plutôt sec, il n'y avait pas de vent mais le froid était bien présent. Depuis la fenêtre de son appartement, Jun avait observé. Le ciel, les passants, le reste. Il ne lui semblait pas qu'il fasse aussi frais. Alors en sortant il avait opté pour l'un de ses pulls favoris, celui un peu trop grand mais bien épais qui recouvrait quasiment tout son corps, jusqu'à la moitié de ses cuisses. Il le tenait bien au chaud, il enfermait bien la chaleur contre sa peau, et Jun se sentait particulièrement à l'aise dans ce vêtement. Ce fut pour cette raison qu'il n'hésita pas à l'enfiler. Pour ça mais aussi parce qu'il masquait parfaitement chaque marque posée sur sa peau. Que ce soit celles sur ses avant-bras ou celles sur son cou, rien ne dépassait, tout était invisible à l’œil. Pour ça mais aussi parce qu'il était grand, si grand qu'il ne frôlait pas sa peau. Si grand qu'il ne frôlait pas dans ses marques. Si grand que le mettre et se balader avec n'appuyait pas sur des bleus trop récents lorsqu'il levait le bras. Cela lui évitait de faire une tête étrange rien qu'en bougeant.
Il se sentait à l'abri dans ce pull. Il se sentait bien au chaud, et confortable. Il se sentait presque invisible. C'était idiot mais porter ce pull lui apportait un réconfort qu'il ne connaissait pas autrement. Porter ce pull le rassurait.

Profitant de l'absence de Ji Tae, il quitta l'appartement, s'offrant une petite escapade. Pas qu'il n'aurait pas pu sortir si son petit-ami avait été là mais... il n'aurait pas pu sortir. Ou du moins pas avant une suite phénoménale de questions. Il voudrait être libre, Jun. Pourtant il était le premier à refuser de briser ses chaînes. Une contradiction, pas vrai ? Ou peut-être bien que c'était la peur.

Entrant dans le magasin, il se dirigea directement vers les rayons où des tas de livres trônaient. Il voulait pouvoir penser à autre chose le temps de quelques pages durant ses pauses ou chez eux. Il arpenta les longues étagères, le regard curieux, brillant, prêt à découvrir, à comprendre, à savoir. Mais il ne trouvait pas ce qu'il cherchait, Jun. Il avait beau passer et repasser, il ne mettait pas la main sur le livre dont il avait entendu parler. Tournant un peu rond, il trouva enfin un vendeur. « Bonjour. Désolé de vous déranger, j'aurais besoin d'un...Woo Hyun ? », il cligna quelque peu des paupières, son visage basculant sur le côté. « Qu'est-ce que tu fais ici ? », que faisait-il donc ici habillé en vendeur ? Brillante question, Jun. Il resta silencieux un instant, ses phalanges jouant avec le tissu de ses manches. « Je ne trouve pas le nouveau livre de Stephen King », dit-il finalement, son index pointant vers la section des livres. Il travaillait ici, il allait donc pouvoir l'aider.

Respire. Expire.
La sérénité, le calme, le silence. C'était comme retrouvé un état de paix lorsqu'ils disparaissaient. Tu en étais persuadé , tu aidais, tu sauvais même ce monde paisible que voulait les gens. Tu ne pensais pas au mal, tu les renvoyais simplement là où ils appartenaient. Qui voudrait d'une cendrillon? D'un conte où tout finissait mal? Personne. Ils devaient disparaître pour que tous vivent en paix.
Ca c'est ce qu'un conte aurait raconté. Mais tu savais. Tu avais observé l'être humain, tu l'avais analysé et tu avais compris qu'il ne serait jamais en paix. Il sera toujours insatisfait, compromis, pourri, torturé, ou torturant. A chercher la douleur où la douceur devrait régner. L'argent, le pouvoir, la reconnaissance. Ca le détruisait , mais l'homme en voulait plus. Tu avais compris, mais tu tombais dans cette avarice. Toujours plus de savoir, de connaissances. Tu cherchais à tout comprendre en sachant que tu ne pourrais pas. Ton père était un homme de savoir, à qui tu apprenais quelques petites choses encore. Un homme sage mais qui possédait une force que tu n'arrivais pas encore à comprendre le fonctionnement sur toi : l'amour. La compassion. Tu comprenais l'être humain, sans le comprendre.
Encore aujourd'hui tu prenais un autre livre sur la psychologie humaine. Peut être que tu l'avais déjà lu celui ci , mais tu avais besoin de quelques révisions. Alors même avec ce gilet sans manche où quelques stylos y était accroché tu venais feuilleté ton livre. Même la fesse à moitié sur la chaise derrière cette ordinateur dédié à l'aide aux personnes tu t'instruisais. Tu ne décrochais que lorsqu'une voix te sortait pour savoir si tel ou tel livre était disponible. Un sourire et une inclinaison et tu repartais dans ta lecture. N'était ce pas fascinant ? Cette vie qu'on nous donnait ? Celle qu'on construisait ? Celle qu'on détruisait?

Tu quittais ta chaise pour faire les cent pas en remettant en place ce livre, et d'autres encore, ayant été reçu ou lu par ta personne. Tu découvrais et redécouvrais l'étendu du savoir que ce magasin possédait. Et les gens n'en avaient rien à faire. Les gens cherchaient autre chose. Ils cherchaient ce qui remuait un organe. Ils recherchaient ce que les livres, les romans, les films retranscrivaient pour ceux qui rêvaient encore.

Tes doigts frôlaient lentement ces couvertures différentes, colorées, ou épurées. Ces livres dont tu avais fait ton royaume, ton antre. Tes yeux savouraient ces choix qui s'offraient à toi. Apprendre une langue, découvrir le corps humain, l'histoire ? Peut être la cuisine? Ou bien la science, les cultures, la littérature, les sentiments ou bien juste la psychologie, ton rayon préféré.  Tes lèvres s'étiraient doucement en un sourire alors que tout était paisible. Peu de bruit, peu de mouvement, quelques personnes se désintéressant de toute cette connaissance, ou certains timides. Les gens voulaient être emportés loin de leur réalité, pas la comprendre. Et tu attendais une demande similaire lorsque tu te retournas au son de la voix. On te parlait. Non. Mieux. Jun te parlait. Perdu dans ta passion pour la connaissance tu avais presque oublier. Oublier que les gens cherchaient autre chose. Ils cherchaient ce qui faisait manquer un battement à leur palpitant, comme la vision du brun à tes yeux. Comme cette intrusion impromptue qui t'avait fait hésité un instant. Juste une seconde. "Besoin d'un Woo Hyun? Ca tombe parfaitement j'en suis un, quelle coïncidence n'est ce pas ?  " Toi qui blaguait. Toujours une grande aventure. Qu'est ce que tu faisais ici ? Ah tiens Jun avait un sens de l'humour aussi poussé que toi. ".. Je travaille... depuis des mois maintenant.  " Et pour preuve tu montras ton magnifique gilet , tes stylos et ton prénom. Une autre preuve ? Ta présence ici. Mais il n'en fallait pas plus à Jun pour te croire et te demander ton aide. Stephen King ? Oh il aimait donc ce genre de lecture. Lui aussi aimait s'échapper, voir autre chose à travers les livres. Lui aussi voulait échapper à la réalité et non plus comprendre les rouages les plus profonds. " Suis moi je vais te montrer où sont les livres pour apprendre à cuisiner. " Ce n'était pas ce qu'il t'avait demandé mais tu le sentais il en avait besoin. "Ah non.. L'anglais . Pardon l'anglais.  " Te baladant dans le magasin tu accumulas les livres dans tes bras. " Ohhh l'histoire pour les nuls tiens.. c'est bien Jun. " Encore une fois.. il ne t'avait rien demandé. Sauf son livre ... de Stephen King. "Ne me remercie pas c'est avec plaisir.  "


" "

Baisser le regard. Tirer sur ses manches. Avancer discrètement. Jun avait toujours vécu ainsi. Depuis tout petit, il osait à peine redressé les prunelles vers le ciel. Comme si ce qu'il subissait à la maison l'en empêchait. Comme si ce qu'il vivait là-bas le rendait coupable de tous les maux, lui interdisant d'oser lever les iris vers le ciel et les étoiles. Pourtant, le soir, il s'amusait à les observer, à les regarder en secret, leur susurrant tous ses secrets. Du plus grand au plus petit. Pourtant, le soir, il les observait sans hésiter, se plongeant dans cette obscurité et dévalant sur ces points lumineux ici et là. Il avait toujours vécu ainsi, Jun. Dans la discrétion. Dans le calme. Dans les larmes visibles aux yeux de tous mais qui semblaient invisibles. A force il n'essayait plus de les essuyer. A force il ne les laissait même plus couler. Il subissait chaque journée, parce que c'était ainsi. C'était une simple répétition du passé et dans un absolu c'était sa faute. C'était sa faute de le laisser se répéter. C'était sa faute de ne pas l'empêcher. C'était sa faute de le laisser recommencer. Il n'aurait pas dû y être. Il n'aurait pas dû espérer. Il aurait dû partir. Il aurait dû savoir, dès le début, que tout était trop beau. Et que ce « trop beau » cachait quelque chose.
Aujourd'hui c'était Jun qui se cachait. Qui cachait ces bleus qui marquaient sa peau, ces traces dont il connaissait chaque trait. Ces lignes dont il connaissait l'origine. Il entendait encore les mots qui avaient accompagné le geste. Il sentait encore le geste qui avait accompagné les mots. C'était indélébile. Les coups ne marquaient pas sa peau mais ils marquaient aussi son âme. Un peu plus à chaque fois.

Il voulait juste profiter aujourd'hui, Jun. S'évader, se libérer, trouver du réconfort. Il en trouvait dans peu de choses. Dans ce pull, par exemple, ou dans le livre qu'il allait chercher. Il se contentait de ça alors qu'il devrait rêver plus grand. Mais il n'osait pas. Il ne voulait pas. Peut-être bien qu'il n'avait pas le droit ? Ou peut-être bien qu'il n'en avait pas l'envie. Lui-même n'était pas sûr. Ce qu'il savait était ce dont il avait besoin pour tenir. Il voulait être quelqu'un qu'il n'était pas. Il voulait voyager dans un monde loin du sien. Il voulait partir sans bouger. Il voulait voir autre chose sans ouvrir les yeux. Il voulait entendre d'autres choses sans tendre l'oreille. Lire, se plonger dans un autre univers, dans les misères d'un autre personnage, d'une autre vie, c'était ce qui le permettait parfois de ne pas totalement plonger. C'était un moyen de s'extirper du quotidien sans bouger. De voyager sans quitter le sol ou changer de décor. Lire lui faisait du bien, surtout après une dure journée de travail. Surtout après des longues minutes douloureuses. Lire lui permettait de mieux supporter son appartement, aussi.
Clignant des paupières, il observa Woo Hyun dans un air penaud, penchant le visage sur le côté dans une esquisse quelque peu amusée. Un rire discret résonna à peine dans le fond de sa gorge avant qu'il ne secoue doucement son visage. « Quelle coïncidence », répéta-t-il, le sourire fin sur ses lippes. Sourire qui se transforma en une rapide moue boudeuse. Sa question avait été stupide, il l'admettait. « C'est... bien. Oui. Parce qu'il faut... travailler... », il plissa quelque peu les yeux, pas trop sûr de ce qu'il racontait. Valait mieux qu'il parle du bouquin qu'il venait chercher. « Merci », qu'il dit automatiquement avant qu'un « Pardon ? » ne lui échappe. Apprendre à cuisiner ? Ce n'était pas ce qu'il avait demandé... L'anglais encore moins. Il le suivait cependant, ouvrant la bouche pour finalement ne rien dire. « L'histoire ? Mais... », il se pinça les lèvres, le détaillant un instant. Effectivement oui il avait une histoire mais pas celle-ci. Une nouvelle fois, il cligna des paupières dans un air penaud. « Je ne te dis pas merci alors ? », il détailla le tas de livres, penchant le visage pour en lire chaque intitulé, haussant ou fronçant les sourcils selon ce qu'il lisait. « Tu as tout... », commença-t-il, « Sauf ce que j'ai demandé », signal-t-il doucement, redressant le regard vers lui. Il garda les lèvres scellées, laissant son regard se plonger dans le sien. Il finit par baisser le regard, se raclant rapidement la gorge, les pommettes finement rosies. Ses phalanges se mirent à jouer avec ses manches. « Ce sont de bons choix de livres », qu'il articula, levant à nouveau les prunelles vers lui, un sourire léger mais quelque peu amusé aux lèvres. « Mais j'avais demandé Stephen King », un rire presque timide roula dans le fond de sa gorge. « Ca aurait été plus simple de dire que vous ne l'avez pas en magasin »

Silencieux. Tu avais vécu ta vie ainsi. Silencieusement, sans faire de vagues, de bruit. Tu te perdais dans une analyse logique et presque scientifique de cette vie qui t'entourait sans pour autant comprendre totalement comment tout cela se passait. Logiquement, il n'y avait aucune logique. La psychologie était aussi étrange que la multiplication cellulaire et encore elle avait un but ainsi qu'une explication scientifique. Mais les interactions entre les humains étaient particulièrement fascinante. SI le besoin d'être entouré était d'un instinct de survis compréhensible, pourquoi rester en contact quand, cette survie était elle même menacée? D'ailleurs pourquoi menacer des vies quand on est pas soi même menacé ? Voilà pourquoi tu protégeais cette population que tu ne comprenais pas. Sans même qu'ils ne le sachent. Sans même qu'ils ne s'en aperçoivent tu pensais les protéger. Etais tu en tord ? Ou bien étais tu réellement bon ? Ton jugement ne semblait pas comme les autres. PEut être étais tu le seul qui avait réellement besoin d'aide?
Quand tu le voyais, cet ami qui n'étais pas qu'un ami, cet homme qui n'était pas qu'un homme. Quand tu le voyais tu avais cette envie de le protéger, de le garder près de toi. Quelque chose que tu ne comprenais pas. Peut être même que tu cherchais à le voir plus souvent, peut être tentais tu de comprendre ces bruits, ces cris que tu entendais de temps à autre. Ou alors tout ça n'était qu'une illusion que tu avais comme la plupart des humains. Des êtres pensants qui pensaient trop. Il paraissait que le cerveau était toujours actif et que lorsqu'on ne lui donnait rien à faire il s'occupait lui même, de la pire des manières qui plus est. Alors tu lisais, tu travaillais, tu t'occupais. Laissant très rarement ton cerveau se reposer, se mettre en pause.

Il était étrange de voir comme des mots écrits noir sur blanc pouvaient changer la vie. La tienne ou la sienne. Pour différentes raisons. Chaque mot s'imprimait et tout devenait de plus en plus clair. Les questions que tu pouvaient te poser avaient progressivement et généralement des réponses. Ils t'offraient un visuel sur ce que les autres ne voyaient pas. Ils t'offraient la chance de savoir, et de ne pas parler. Le silence était toujours une règle d'or tu cherchais surtout à emmagasiner que de divulguer. Même si partager ton savoir n'était pas un problème.Comment le partager ça c'était autre chose. Peu importait ocmment tu t'y prenais ce n'était jamais réellement naturel pour les autres, ou pour toi. Une vraie prise de tête.
C'est d'ailleurs en pensant aux gens qu'ils apparaissent. Et si tu ne croyais absolument pas en cette croyance peu logique tu devais avouer qu'il était apparu quand son nom fut mentionné dans ta tête. C'était assez "amusant". Tu te retrouvais donc à le renseigner au lieu de jeter les poubelles avec lui. Drôle de situation. Les coïncidences.. c'était la base de la vie non ? Un algorithme inconnu qui faisait et venir tous les gens.  "En fait puisque je travaille ici il y avait des chances qu'on se croise à partir du moment où c'est ce qui est le plus près de notre habitation respective...  " Merci Woo Hyun. Nous avions besoin de savoir. Mais le sourire de ton homologue permettait à ta sérotonine de monter considérablement dans ton cerveau. Sans que tu ne comprennes pourquoi. Il n'était pourtant pas spécialiser dans l'hormone du bonheur. Si ? " Pour avoir de l'argent oui. " Encore une fois tu mettais les pieds dedans. Dans le plat. Tu demanderais certainement quel plat.. mais il n'y avait pas besoin de préciser. En tout cas ton humour n'était pas au goût de tout le monde et tu sentais que Jun commençait à se perdre dans tes énumérations sans queue ni tête. Pourtant il te suivait. Tu avais étudié ce phénomène et il t'impressionnait toujours autant. Tu lui donnais donc tous les livres dont il n'avait clairement pas besoin. Tu le regardais ensuite comme un enfant qui aurait fait tout ce qu'on lui avait demandé, fier et satisfait. "Tu peux ce n'était qu'une formule.  " Le laissant alors prendre connaissance des livres que tu lui avais donné tu attendais une réaction, mais peut être pas à celle ci. Il était bien trop doux, bien trop gentil et bien trop effacé. Fronçant doucement les sourcils en le voyant chercher un moyen de ne pas te blesser juste pour quelques livres tu appris quelque chose de nouveau. L'expérience était le meilleur moyen de connaître les gens. Une preuve ici. Reprenant doucement les livres tu le détaillais toujours, et même si un léger rire faisait son apparition tu vis la gêne. I n'avait pas besoin de l'être. " Ah mais pourquoi j'aurai dit ça ? " Après tout le livre qu'il cherchait se trouvait en rayon. D'ailleurs il n'avait pas vu sûrement préoccupé par le non sens de tes paroles mais tu l'avais mis sur le côté te permettant alors de le prendre dès que tu eus posé les livres. Lui tendant alors tu étiras tes lèvres dans un mouvement que tu faisais pourtant peu. "Stephen King.. celui que tu veux.  " Peut être que tu avais voulu voir ses réactions, peut être avait tu voulu passer plus de temps avec lui. Le taquiner? Lui faire une surprise ? Tu ne savais pas toi même mais tu fus content de voir cet air sur lui lorsqu'il prit le livre dans ses mains. " Je joue l'idiot mais je ne le suis pas. " En même temps tu mangeais tellement de livres qu'il était compliqué de te croire stupide. "Tu cherchais autre chose peut être ?  " Tu faisais très bien ton travail.


" "

A l'appartement, chaque geste qu'il effectuait était réfléchi, calculé, étudié. Il en tirait toutes les probabilités, toutes les possibilités, des idées que l'on pouvait juger saugrenues lui traversaient l'esprit et il faisait demi-tour, adoptant un autre chemin, une autre tactique. Chaque mot était pensé, jamais dit de travers. Il avait bien appris à se taire, Jun. Il n'élevait pas la voix, il n'élevait jamais. Il n'aimait pas ça, crier, hurler à s'en déchirer les poumons. Ca lui faisait peur. Chaque respiration était prise avec lenteur, presque comme s'il était apeuré de respirer trop vite. Même son cœur battait en fonction d'une longue réflexion. Devait-il battre, devait-il s'arrêter... il continuait toujours, pourtant. Il voulait continuer, pourtant. Mais Jun était parfois fatigué, las, les épaules basses à cause d'une vie qu'il n'avait pas voulu mais qu'il n'avait pas fui non plus. Il aurait dû chercher de l'aide, il aurait pu. Pour sa mère, déjà. Mais aujourd'hui, encore. A l'hôpital, ses collègues, la police... Il y avait des tas de gens à qui il pourrait se confier, vers qui il pouvait se tourner. Mais il avait trop peur, Jun. L'angoisse lui nouait toujours l'estomac et la panique lui comprimait le torse. C'était à peine s'il osait vivre quand il était chez lui, Jun. A peine s'il osait être une personne. Il voudrait devenir invisible parfois, Jun. Ne plus pouvoir être vu une fois chez lui. S'il pouvait frôler les murs pour éviter de le croiser, il le ferait. S'il pouvait disparaître, il le ferait. Mais il savait, sans que Ji Tae ne lui ait réellement dit, que même s'il partait, il le retrouverait. Il ne voulait pas prendre le risque, Jun. Et pourtant, un jour, il se disait que ce serait probablement trop tard. Qu'il regrettera de ne pas avoir tenté de fuir.
Tant pis, il l'avait cherché, pas vrai ?

Heureusement pour lui, il y avait des endroits où il était bien. Mieux que chez lui. Pas difficile, en soit, le temps que Ji Tae n'était pas là, tout allait bien. Plus ou moins. Il y avait des endroits où il était bien, mais il y avait aussi des personnes avec qui il était mieux. Des personnes qui arrivaient à lui réchauffer le cœur, la peau, sans même le frôler. Woo Hyun en faisait parti. Il était un doux rayon de soleil un matin de printemps, ce rayon chaleureux et réconfortant. Il adorait le voir... peut-être un peu trop. Un léger sourire naquit sur ses lèvres alors qu'il penchait légèrement le visage. « Il y a aussi des jours où tu ne travailles pas, non ? », donc ils auraient pu se louper, pas vrai ? Woo Hyun aurait pu être en congé aujourd'hui, juste quand lui arrivait. Ca aurait pu être possible. Il aurait pu être occupé avec un autre client, aussi. Et Jun aurait dû se tourner vers un autre employé. Il hocha doucement le visage dans une petite frimousse satisfaite. Pour avoir de l'argent, oui. Bien sûr. Pourquoi travailler sinon hein ? C'était toujours bien de poser la logique. Et la logique où était-elle face à cette pile de livres ? Pas là, apparemment. Les bouquins allaient de tout à rien en passant par l'inverse de ce qu'il avait demandé. Il n'osait pas vraiment lui en vouloir. Il se sentait un peu idiot, autant le dire, mais pas de là à râler sur lui. Ca restait amusant, malgré tout. « Je ne sais pas... ? », tenta-t-il. Parce qu'ils ne l'avaient pas ici ? Pourquoi sinon l'aurait-il dit ? Il cligna des paupières, clairement perdu, avant qu'un sourire ne vienne se poser sur ses lèvres. Il attrapa le livre, satisfait, une moue reconnaissante au visage. « Merci beaucoup », il en observa la couverture un instant, la détaillant avec une trop grande passion, souriant pour rien, lisant tout ce qui était écrit. Il releva lentement le regard vers Woo Hyun. « Je n'ai jamais dit que tu l'étais », et loin de lui l'idée de dire qu'il était idiot... L'avait-il dit ? L'avait-il laissé penser ? Sans doute. Sinon Woo Hyun n'aurait rien dit. « Désolé », réflexe. Il baissa le regard. Il resta silencieux un instant, fixant le livre entre ses mains, et redressa son visage, le secouant de gauche à droite comme un gamin que l'on venait de gronder.

Il se pinça les lèvres, n'osant pas avouer qu'il cherchait juste un coin pour se mettre à l'abri, pour se détendre, pour s'aérer l'esprit. « Tu as peut-être des livres à me conseiller ? », demanda-t-il, « Dans ce genre-là », il leva le bouquin qu'il avait en main, le secouant à peine, retenant son pull qui glissait au passage dans un geste pressé, comme s'il craignait que l'on voit quelque chose. Il garda les bras vers le bas, ensuite. « Tu lis beaucoup non ? Donc je me disais... si tu as quelques recommandations... enfin... si tu veux... », et ses pommettes devinrent de plus en plus roses.

Tu avais connu ce moment où respirer semblait difficile. Où le silence avait établi son royaume et tu n'étais qu'une marionnette. Tu te souvenais encore de ce sentiment qui avait grandi en même temps que tes organes te donnant cette difficulté de faire comme les autres. On ne t'avait pas appris; et même le mimétisme ne marchait pas. Même s'ils parlaient, ces gens qui t'avaient engendré, tu restais muet. Au fond de toi tu savais que tu devais rester muet. Seul dans un coin on t'avait appris à être transparent, passif de sa propre vie. Tu ne rigolais pas, tu n'explorais pas, tu observais. Et pendant des années tu n'avais qu'observé, analysé. Ton père d'adoption t'ayant laisser les portes d'u savoir grandes ouvertes, pendant qu'il te poussait à t'exprimer. Tu avais appris qu'on faisait comme cela, entre personnes. Socialement parlant il était plus intéressant. C'est par ta nature, forcée, reclus que tu as également appris à réagir avec les autres par les livres, par l'observation. Parfois tes essais sont de pures catastrophes. Mais parfois, il semble que tu réussis à atteindre un degré social assez intéressant.
C'était toujours un peu étrange la première fois qu'on te parlait, mais tu croyais fortement que tu pouvais y arriver et trouver quelques personnes qui s'intéressent , tout comme toi, au monde en général, au savoir et à toi. Car oui, tu ne semblais pas intéresser grand monde en règle générale, et tu avais conclu, après avoir lu un livre de psychologie assez pointilleux, que tu manquais certainement d'une chaleur maternelle et affective qui t'empêchait de t'ouvrir. Manquer alors que tu n'avais pas connu était assez difficile à concevoir pour toi mais c'était un sujet que tu cherchais à explorer. L'amour serait donc une réponse convenable pour changer ta personnalité trop robotique selon les gens.
Et la seule personne que tu connaisses qui soit proche de tes sentiments c'était bien lui. Park Jun. Tu ne savais pas pourquoi, comment, mais tu aimais sa présence. Tu aimais son sourire et ça, c'était bon signe qu'ils disaient.

Park Jun était comme un mystère pour toi. Il n'était pas quelqu'un d'une complexité monstre. Au contraire, il semblait aimer le calme, les livres, les activités dites calmes du coup. Il te ressemblait sur ce côté invisible. Il ne semblait pas apprécier se mettre en avant et tu décèlerais presque un sentiment d'infériorité chez lui, que tu ne pouvais confirmer. Mais Jun était doux, il était doué avec les autres, tu en étais sûr. Une chaleur se dégageait de lui, te donnant envie de venir toujours plus près. De venir chercher cette chaleur toujours plus longuement. Il arrivait même à te contredire. Ce qui était assez rare disons le. Seul ton père le faisait. Peut être était il le seul qui voulait bien mettre toute sa concentration à t'écouter et tout son savoir pour te remettre en place. Jun lui usait de ses sentiments pour te rappeler que tu n'étais pas toujours dans le vrai. "C'est vrai. " C'était la seule chose que tu pouvais dire. Après tout il n'y avait pas grand chose à avouer à part qu'il avait raison. Ton visage fit alors une petite moue de réflexion et de perplexitude. Oui tu étais clairement étonné d'être resté ainsi sur le carreau. Pour te venger, ou alors juste par pur plaisir coupable tu le taquinais alors avec son livre. Tu lui donnais tout ce qui composait ta culture. Puisque tu voulais tout lire, tout voir , tout apprendre. Bien sûr tu savais que ce n'était pas ce qu'il cherchait et c'était d'autant plus drôle que tu le savais. Sa tête n'avait pas de prix non plus. Tu t'amusais de sa réaction avant de finir cette blague uqi n'avait que trop durer. Tu sentais qu'il était sur le point de désespéré et tu n'étais pas pour le laisser tendre vers une sorte de tristesse. "De rien beaucoup "Un sourire venait étirer doucement tes lèvres alors que tu l'observais. C'était assez amusant et gratifiant de le regarder ainsi le livre. C'était comme lui donner du bonheur en feuille. Il devait vraiment beaucoup aimé cet auteur. "Dis.. pourquoi tu aimes autant cet auteur ? " Tu voulais savoir. Tu courais après ce savoir. Tu aurais pu rire à sa remarque si tout aussi vite qu'elle était venue il n'avait pas baissé la tête. Tu reconnaissais les habitudes, et ce mouvement n'était pas associé à une situation inconnue. " Ne t'excuses pas je rigole. Tu es le seul à me comprendre un minimum.. je voulais juste rigoler. " T'avait on déjà vu rire aux larmes ? Avoir un fou rire ? Jamais. C'était tellement rare. Tu soupirais quelque peu en voyant sa réaction se frappant mentalement de l'avoir surmené. "Je suis désolée si j'ai été trop loin. " Tu manquais de tact, c'est ce que ton père disait.

Alors que tu pensais qu'il allait retourner chez lui sans que tu n'aies autre occasion de le voir il te posa une question qui te fit pencher la tête. une réaction rapide et craintive qui suivi et qui mis tes sens en alerte. Lire était bon, mais tu lisais bien trop pour être une personne comme les autres et sans analyser l'autre. "Oui je lis énormément. J'avoue avoir peu de culture sur les fictions puisqu'elles ne sont pas vraies mais je m'intéresse aussi à la psychologie à travers les univers inventés. C'est intéressant et du coup j'en ai lu quelques un. " D'ailleurs bientôt tu allais pouvoir commencer un nouveau livre. Mais ça personne ne savait rien. " Si tu me fias confiance alors je peux te trouver quelques oeuvres. " Aussi rapidement que tu le pouvais tu tapas quelques références sur ton ordinateur pour sortir une liste. " Déjà voici une liste de nouveaux auteurs avec lesquels tu peux commencer un genre nouveau. " Lui tendant la liste tu lui montras qu'il était possible de s'évader des millions de fois. Après tout tu n'avais qu'une dizaine de nouveaux noms. Rien d'impressionnant. Taré que tu étais. " On peut aller voir ensemble les livres " un moyen de le retenir ? Peut être.

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Il cherchait tout ce qu'il lui arrivait, Jun. Il ne luttait pas, et n'avait pas vraiment lutté avant non plus. Il n'avait pas tout de suite compris quand, petit, sa mère levait la main sur lui. Il n'avait pas tout de suite compris en rencontrant Ji Tae. Il n'avait pas tout de suite compris quand lui aussi leva la main sur lui. Maintenant il comprenait. Plus ou moins. Il était la cause de tout ça, la raison de cette suite, de ce roulement logique. Il ne pouvait pas quitter sa mère et espérer avoir une meilleure vie remplie de belles choses. Il attirait tout ça. Comme un aimant. Ji Tae l'avait lu dans son regard, il l'avait compris avant lui et Jun avait saisi que plus tard. Après que sa mère lui ait clairement dit qu'il méritait tout ça. On était attiré par lui pour les mauvaises raisons. Si Ji Tae était venu vers lui, ce n'était pas pour rien. Ce n'était pas parce qu'il le voyait simplement comme vulnérable mais qu'il savait que Jun accepterait. Il savait que Jun ne lutterait pas, ne lutterait plus. Il savait qu'il était bien trop discret pour qu'on puisse le remarquer. Il avait lu tout ça en quelques minutes alors que Jun avait dû mettre quelques années avant de parvenir à tout déchiffrer. C'était injuste, dans un sens. L'infirmier aurait voulu comprendre plus tôt, mais c'était trop tard maintenant. Et à part subir son présent il ne pouvait pas faire grand chose. Fuir ? Pour aller où ? Pour faire quoi ? Il finirait par attirer le même genre de personnes. Parce qu'il méritait tout ça. Parce que c'était inscrit dans son regard, noté sur son sourire, gravé sur sa peau. Il ne pouvait pas lutter. C'était irréversible. C'était comme ça, et pas autrement. Il ne faisait qu'attirer un nouveau fantôme du passé, une autre silhouette semblable à celle de sa mère qui ne lui ressemblait pas, pourtant, mais qui portait les mêmes coups. C'était de sa faute. Uniquement de sa faute. Il aurait dû arrêter tout ça plus tôt. Il n'avait rien fait, il ne pouvait plus rien faire. A part accepter.

Que pourrait-il faire, de toute façon, pour lutter ? Se confier soudainement à quelqu'un ? Non. Il n'était pas totalement bête, Jun. Il savait que certains savaient. Il pouvait le voir, parfois, dans leurs regards ou leurs attitudes. Certains semblaient prendre des gants et y aller doucement. D'autres n'en avaient rien à faire, ce n'était pas leur souci après tout et Jun ne pouvait pas leur en vouloir. Si lui ne disait rien ce n'était pas aux autres de le faire. Que pourrait-il faire alors ? Rien. Tout simplement. Il n'y avait rien à faire. Il était le seul fautif, encore une fois. Un simple rire frôla sa bouche aux mots de Woo Hyun avant qu'il ne secoue doucement son visage dans une petite esquisse discrète, comme attendri. Il ne s'était cependant pas attendu à avoir soudainement autant de livres en mains, jusqu'à enfin avoir celui pour lequel il était venu jusque là. Ou peut-être bien qu'il y avait une autre raison mais il préférait la taire dans un coin de ses pensées. A sa question, il opta pour une moue pensive en fixant la couverture du bouquin entre ses mains. « J'aime sa façon d'écrire, et la manière avec laquelle il présente les Hommes face à différentes situations. Je trouve qu'il arrive à bien retranscrire le genre humain et les décisions égoïstes qui vont avec. Il arrive aussi à faire en sorte qu'on puisse s'attacher à un personnage ou deux. On peut se retrouver, aussi, quelques fois. Et selon le thème on peut se demander ce qu'on aurait fait dans la même situation, et je trouve ça intéressant », dit-il, lentement, calmement, le coin des lèvres finement haussé avant de relever son regard vers lui, son sourire grandissant un peu plus. Se pinçant les lèvres, il hocha lentement le visage, comme s'il prenait le temps de bien comprendre les paroles de Woo Hyun. Comme s'il prenait le temps d'avaler chaque fois. « Non non, t'excuses pas », s'affola-t-il. « J'ai mal compris, c'est tout », il lui offrit une légère esquisse, le visage faiblement penché sur le côté.

Il était bien trop tôt pour rentrer, non ? Bien trop tôt pour quitter cet endroit. Pour quitter Woo Hyun. L'observant en silence, il écouta attentivement chacun de ses mots, bougeant quelque peu le visage pour montrer qu'il écoutait, qu'il comprenait et qu'il était intéressé par la réponse. « Tu as déjà tenté des livres de Stephen King ? », lui demanda-t-il, secouant à peine le livre entre ses doigts. « Je ne sais pas si ça peut plaire mais La Brume est une lecture assez enrichissante. Le film est bien fait, aussi, si jamais », il lui sourit timidement. « Je te fais confiance », dit-il du tac au tac, sans hésiter. Attrapant la liste, il lut les différents dans un mouvement de tête. Posant ses prunelles vers lui, il les cligna rapidement avant de sourire, lâchant un « Je veux bien » bien trop contenté. Avant de laisser son sourire s'éteindre dans un petit air qui semblait avoir compris où il se trouvait et surtout, avoir compris que Woo Hyun travaillait. « Enfin je veux dire... je vais pas te retenir ? Ou te déranger. Tu dois avoir plein de travail et plein de clients... », ses pommettes rosirent au fur et à mesure de ses paroles avant qu'il ne se pince les lèvres, baissant le regard sur la liste. Liste qu'il emmena près de sa bouche, la couvrant, comme pour masquer son embarras alors qu'il le regardait à nouveau. « Ca te dérange pas ? », le questionna-t-il, le ton bas, hésitant. « De me montrer », il agita à peine la liste, gardant son regard pétillant sur lui mais continuant à cacher ses joues rosies.

Le problème que vous partagiez sans même en parler avec Jun était bien cette cassure dans votre enfance. L'être le plus fragile était bien l'enfant. Développant, nouveau et innocent il se référait à ce qu'il voyait, ce qu'il avait, ce qu'on lui disait. Naïf il ne pouvait analyser le bien, le mal, le vrai et le faux. Il prenait tout, tout comme si tout était normal. Même un comportement des plus déplacés pouvait avoir une notion de normalité quand il était répété. Ainsi Jun ne voyait plus le problème dans les coups, quand tu oubliais que tu pouvais parler. Quand tu pensais que ta présence était aussi transparente que l'air que vous respiriez. Tu observais, tu continuais toujours à regarder, à analyser sans t'exprimer. Et tu avais combattu le mal par le mal, tu avais eu de l'aide également, par ton père adoptif qui t'avait emmené dans cette vie sociale, dans cette vie où tu étais voulu. Jun n'avait pas eu cette chance. Et même s'il semblait intégrer, peut être même heureux tu le sentais effacé. Il te rappelait cette peur au creux de ton ventre quand tu ouvrais la bouche. Il te rappelait ces heures passées à regarder les autres, à chercher, à comprendre comment ils vivaient juste pour passer le temps, pour apprendre, pour vivre dans cette procuration. Mais tu avais changé, Jun le pouvait également.

Beaucoup se demandaient pourquoi eux, comment faire pour en sortir? Et c'était les premiers pas d'un enfant balbutiant et trébuchant dans la vie sur le chemin de la guérison. Mais il fallait passer par là, il fallait tomber, sentir ses muscles tiraillés, il fallait sentir cette boule dans son ventre, il fallait passer par cet état un peu spécial d'être perdu. Il fallait juste souffrir encore un peu avant d'en sortir. C'était plus facile qu'il n'y paraissait. Plus facile que de te comprendre, alors que tu posais un nombre incalculable de livres qui n'avaient absolument rien à voir avec la demande du jeune homme. Un léger sourire et tu le débarrassais de toute ce qui l'encombrait. tu lui demandais alors ce qu'il aimait chez cet auteur qu'il cherchait désespérément. Peut être pourrais tu devenir un auteur qu'on chercherait autant. Et tu buvais alors ses paroles perdant ton regard dans le sien, sur ses lèvres, sur son rictus, écoutant le moindre mot pour en capter toute la passion qu'il y mettait. Pouvait il te parler aussi librement que lorsqu'il parlait de son auteur préféré? Tu pinçais doucement tes lèvres en sentant ton coeur se serrer, pour une raison que tu ignorais. Mais tu avais cette impression de ne pas être suffisant. Tu reprenais pourtant un léger sourire lorsqu'il remonta son regard sur toi. " Si je suis vraiment désolé, mon père me dit souvent que je n'ai pas de tact .. Tu n'as rien fais de mal. " Qui pouvait réellement te comprendre ? Toi et ton humour spécial. Toi et ta personnalité étrange.

Tu ne souhaitais pas le voir rentrer, retrouver cette solitude que tu aimais normalement tant. Tu voulais simplement continuer à lui parler à apprendre à le connaître encore et encore tandis qu'il te souriait. C'était la personne la plus douce avec toi, après ton père. Et encore. Il dégageait ce côté rassurant et chaud qui te donnait envie de rester à ses côtés. " Pas encore j'avoue. Je vais noter ça alors et je lirai et regarderai ta proposition. J'aime quand on me partage des idées comme ça. " Tu te mis à sourire grandement en venant alors prendre un post-it pour noter le tout et le mettre dans ta poche. Tu irais le lire pour sûr. Et ce fut à ton tour d'étaler ta connaissance sur le sujet alors qu'il répondait aussi rapidement que l'éclair. Tu souriais alors amusé par sa réponse mais touché de celle ci. La liste dans ses mains tu adorais le voir si contenter, tes lèvres s'étiraient légèrement dans un geste des plus naturel alors que tu l'observais, penchant légèrement ta tête pour suivre chaque mouvement. Tout ça avant de te redresser surpris par ce changement d'expression. Jetant un coup d'oeil autour de vous, dans le vide le plus complet tu soupirais légèrement. " Vous êtes un client monsieur Park. Je me dois de vous offrir le meilleur service possible. Et je pense que les trois passants ne t'en voudront pas. " Tu n'avais généralement pas tant de boulot que ça. Peut être quand il fallait ranger les différents livres qu'on te redonnait. Comment pouvait il être aussi mignon? Voilà une question qui était digne d'être posée. TEs propres joues prenaient cette touche vermeille que tu ne comprenais pas réellement. Tes yeux refusaient de le quitter et ton coeur manquait un battement. ta main vint alors soutenir ta poitrine sans que tu ne comprennes pourquoi. Arrêt cardiaque ? Impossible. Tachycardie ? Tu n'avais aucun symptômes qui aurait pu t'y conduire. Autre maladie ? "Biens sûr que non. Aller on va voir. " Un autre sourire. Il était bien le seul à en avoir autant, les autres se trouvant devant un mur froid et impassible. S'en était presque effrayant. L'invitant alors à te suivre tu te dirigeais vers le rayon cherchant les premiers livres que tu lui avais cité lui montrant alors les livres petit à petit recueillant ses impressions. "Ça te dit ? "


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