Lee Woo Hyun - I m the bad guy

Le silence face au bruit. Le silence pour un regard qui glissait, qui analysait. Un regard d'enfant qui regardait des parents un peu perdus, un peu trop jeunes peut être, un peu trop fragiles. Un couple qui explosa dans une voiture. Une simple dispute sur ce fils qui ne parlait pas, sur la consommation de soju du jeune homme la veille. Un éclat de voix qui s'élevait, des gestes qui grandissaient pour montrer un mécontentement. Et un silence, un froncement de sourcil, une analyse détaillée mais incompréhensible d'un petit tenant fortement son doudou.

Ce même doudou recouvert partiellement d'un liquide carmin, déchiré d'un violent accrochage. Ce même doudou spectateur d'un drame. Ou d'une libération. Le seul spectateur d'une famille fermant les yeux, se taisant et restant dans le silence le plus complet. Les éclats de  verres au sol, le liquide inflammable, les lumières des secours. Une scène si riche de sensations, de détails, une scène qui restera gravée dans la mémoire d'un enfant venant de rouvrir les yeux, rejoignant le spectateur impassible d'un drame. Ces douleurs, ces mouvements, ces agitations, il se souvient de tout, jusqu'à ce qu'il ne s'endorme lui même.

Il se souvient des fils, de la respiration bruyante, de la lumière aveuglante reflétée par des murs bien trop clairs. Il se souvient des yeux t'observant avec attention , ces tests passés dans les plus brefs délais et cet homme en blouse concerné par son état. Il était encore très difficile de garder les yeux ouverts, d'analyser. Mais il luttait, il luttait pour comprendre, pour savoir, pour connaître.
Finalement il aura des réponses, peut être pas les bonnes, mais des réponses. Il était désormais seul. Plus seul comme avant, plus ce seul où ses jouets étaient sa seule compagnie. Pas cette solitude d'un coupe dépassé et incapable de s'occuper d'un enfant par manque de savoir. Qu'avait il besoin? Que devait il faire? Recevoir ? Une connaissance qu'ils ne semblaient pas avoir. Une connaissance qu'ils ne pourraient plus jamais avoir.

Tout semblait s'écrouler et pourtant... sa vie commença à ce réveil précis. Comme une seconde naissance.

Ce petit garçon c'était toi, toi l'adulte qui revoyait encore et encore cette scène effrayante pour les autres, mais habituelles pour toi. Tu la voyais, tu sentais encore l'essence, tu sentais la chaleur du sang couler.

Mais tu revoyais surtout ton réveil. Ton hospitalisation et son arrivée. Un grand homme à la blouse blanche et la mine sérieuse bien que douce. Un homme qui paraissait gentil, qui était respecté. Un homme qui était pourtant seul. Un homme qui t'offrit une seconde chance.

Manque de stimulation, de partage, d'attention, d'affection, tu étais un petit en manque, tu devins un enfant affamé, rempli. Après quelques jours à l'hôpital il en avait prit la décision. Peut être dans une folie passagère, dans une envie monstrueuse de faire une action positive, ou bien avait il été touché.
le fait est que tu n'avais jamais réellement quitté l'hôpital , passant le plus clair de ton temps à lire, lorsque l'âge t'en permis, à réfléchir , à analyser, à jouer, à observer ton père. Père qui t'apprenait, de comprenait, d'aidait. La parole ne venait toujours pas, et la communication fut difficile , passant par des gestes, des livres , des écrits.

Oui ton nouveau père t'apportait toute la connaissance que tu désirais, il avait été le médecin qui t'avait épaulé, analysé et maintenant il était celui qui prenait soin de toi , qui te poussait à dire tes premiers mots. La parole vint tard. Mais elle vint. Elle te permit de te mêler aux autres, de leur répondre, mais bien souvent tu gardais le silence. Face à tes affaires à terre, à ta table mise au fond, à des dessins sur ta table, à ce seau d'eau sur la tête, à ces attaques aussi petites qu'immatures. Seul le silence marchait. Tu essayais de les comprendre, et tu en as pleuré, tu en as souffert à demander à ton père une explication. La différence ne plaisait pas, elle faisait peur. Et tu étais cette différence.

Peut être était ce au lycée. Ou bien encore avant tu découvris l'art, l'art pour t'échapper. L'art pour réveiller cette partie sensible, brisée. Tu avais commencé avec la danse , bougeant tes pieds maladroitement en essayant d'en comprendre le schema classique et basique. Puis tu rencontras tes premiers amis, des danseurs dans la peau, des hommes de créativité et de lâcher prise. L'art comme toute discipline demandait de l'entraînement et tes livres furent en partie remplacer par des chansons , des décomptes, des mouvements, de la sueur.
Ce jeune homme ne retrait devint un jeune homme aimé, regardé, envié. L'habit, la popularité , tout ça tu le cultivais, tu en jouais, tu manipulais les moeurs pour les tourner à ton avantage.

Le dessin, la peinture, la musique, la danse, tu avais touché à tout. Même l'écriture, le développement de soi, la manipulation des autres, tu en tenais des dossiers et des dossiers. D'ailleurs tu avais même sorti un livre, sur l'esprit humain, et un second dans les mêmes thèmes psychologiques. A vous retourner le cerveau. Et personne ne savait qu'il s'agissait d'un gamin qui travaillait encore à la FNAC perdu dans des bouquins, renseignant sur des livres d'école.. encore moins que ce même gamin dansait, souriait, menaçait, manipulait. Un gamin qui chassait ceux qui n'avaient rien à faire dans un monde qui avait déjà ses problèmes. L'équilibre était important, les éléments perturbateurs devaient être éliminés. Un gamin aux multiples facettes... perdant sa réelle identité: qui était il ?

Ce que la vie avait choisi de faire de lui ? Ou ce que sa connaissance avait choisi de le faire devenir?