Messy is a mess ft Nappat Helios

messy is a mess

Ses yeux ne voyaient plus rien, hormis les mots qu’elle parcoure avec amour, les objets autour du livre étant devenu un peu difformes à cause de sa vue concentrée. Bae Ran ne travaillait pas, aujourd’hui – il était toujours ponctuel, s’il devait être là, il était là, point – ce qui voulait dire que Byul était tranquille, qu’il n’y avait personne pour la déranger quand il n’y avait pas de clients. Ce qui était assez peu arrivé jusque-là, aujourd’hui. Encore heureux. Ces derniers temps, il fallait avouer que la libraire était assez… Distraite. Pour ne pas dire obsédée par les livres, de manière générale. Chez elle, avec son mari dont il fallait qu’elle s’occupe, Byul n’avait pas la possibilité de réellement lire tranquillement, il fallait qu’elle fasse à manger, passe du temps avec celui qui partageait sa vie, et plein d’autres choses. Ce qui l’empêche de lire tout son soûl, de manière assez nette. Alors elle profitait de son travail et surtout de ces journées où elle savait très bien qu’il n’y aurait pas de clients ou très peu et où elle était seule. Comme aujourd’hui. La jeune femme était tranquillement assise derrière le comptoir de la caisse, un épais livre de Pierre Bottero ouvert sur la surface et sa tête reposant dans le creux de sa main, le coude appuyé sur un paquet de mouchoirs pour rendre la chose plus confortable. Il fallait avouer que ce roman était particulièrement passionnant, c’était la seule explication possible au fait qu’elle n’ait pas entend la cloche de la porte d’entrée sonner. Son cœur battant au rythme des mots, elle sursauta légèrement alors qu’un poing venait frappé quelques coups sur le bois devant elle. Il fallut quelques secondes à son cerveau pour comprendre qu’il s’agissait d’un client et qu’elle était bien sur Terre et pas dans le monde de naissance d’Ewilan, une invention de l’auteur. Se raclant la gorge, la jeune femme offrit un sourire à l’inconnu, bien que légèrement agacée d’avoir été dérangée, une petite vague de haine montrant sa tête : « Bonjour ! Vous avez besoin d’aide ? » Elle espérait que non, son livre l’attendait.

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Elle était ailleurs, Byul devait l’avouer. Enfin elle le ferait, si elle… n’avait pas la tête si ailleurs. Ses pensées n’étaient que sur un seul objet, un seul sujet : la lecture. Mais il ne fallait pas pour autant qu’elle laisse tomber son travail. Elle avait une librairie à faire tourner et un client qui avait besoin d’elle. Et qui aurait mérité qu’elle soit un peu plus active, aujourd’hui, le rayon des contes étant assez vide. Le jeune homme semblait assez peu décidé, ou sinon ouvert à tout, peu importe le sens dans quel on voit ça. « Je vais vous chercher ce que j’ai dans la réserve, je reviens vite. N’hésitez pas à regarder déjà ce qu’il y a dans le rayon. » Nouveau sourire puis Byul retourna jusqu’au comptoir, ne pouvant s’empêcher de caresser tristement la couverture du livre qu’elle dévorait, avant d’être interrompue. Un petit nuage sembla prendre possession de son esprit, ses doigts brûlant presque de rouvrir le livre pour continuer sa lecture. Mais non. Il fallait qu’elle travaille. Retenant un soupir, la libraire quitta le comptoir et entra dans la réserve. Après quelques minutes à chercher le bon carton, Byul le saisit et refit le chemin inverse, plus lentement et les bras tremblant sous le poids. C’était malheureusement l’inconvénient des livres : ils pesaient facilement lourd. Mais elle avait l’habitude. Elle en déplaçait souvent, des cartons comme ça. Après tout, la plupart du temps elle était seule, à s’occuper de la librairie. Sauf qu’elle était ailleurs, ces derniers temps. Elle oubliait de ranger les livres, elle lisait beaucoup. Peut-être trop. Un mouvement attira son attention, sur la droite. Un oiseau passait, une de ses plumes s’échappant pour venir caresser doucement la fenêtre. Et l’esprit de Byul s’envola pour rejoindre cet oiseau. Mais elle continuait de marcher, le carton dans ses bras. C’était toujours dans ces moments-là que les pieds ou jambes faisaient défaut et cette fois-ci ne fut pas une exception. Byul trébucha sur l’air et le carton lui échappa des mains. Une exclamation de surprise mêlée d’inquiétude s’échappa de sa bouche alors que les livres prenaient leur envol, avant d’atterrir brutalement et avec fracas au sol, s’éparpillant dans tous les sens.