flower boy

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Son téléphone en main, Bae Ran lâcha un long soupir, un sourire en coin étirant ses lèvres. C’était pas croyable. “Décidément.” Il passa un main dans ses cheveux, les ébouriffant tout en passant la porte de la librairie. La petite clochette avertit de sa présence, et une fois qu’il croisa le regard de la propriétaire, il secoua doucement son téléphone, le mettant en évidence. “J’espère au moins que j’aurai une prime si la clientèle se fait plus importante.” En soit, ça ne le dérangeait pas, et ça le faisait même plus sourire qu’autre chose que de voir que Byul le surnommait le flower boy, et profitait de son contrat pour attirer les foules - bien qu’il ne soit pas conscient de la véritable efficacité que cela pouvait représenter. L’étudiant s’approcha du point de vente, et s’accouda au meuble. “Qu’est-ce que tu ferais sans moi ?” Bae Ran pencha légèrement la tête sur le côté, comme s’il attendait une réponse sérieuse de la part de la jeune femme.

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Byul s’amuse, accoudée au comptoir où se trouvait sa caisse. Elle essayait d’être assez active sur le compte instagram de la librairie, consciente que ça plaisait à ses jeunes clients et que cela faisait de la publicité. Aujourd’hui était un jour spécial, elle avait décidé de jouer avec l’aspect très délicat de son employé à mi-temps. Un sourire se dessine sur ses lèvres alors qu’elle poste la photo, un petit rire lui échappant lorsqu’elle voit des « j’aime » s’afficher immédiatement. Comme quoi, il avait vraiment des fans, Bae Ran. Avec un soupir amusé, la jeune femme range son portable puis rouvre son livre, caché sur le comptoir. Même si Noël vient de passer, les clients n’affluent pas vraiment. Certes, elle a vu pas mal de monde le 26, mais depuis ce matin, elle attendait patiemment qu’on entre dans la librairie. Alors, décidant que c’était assez, elle était allé chercher un exemplaire de La Belle et la Bête, qu’elle lisait avec amour depuis. Le temps passait plus vite, lorsque nos pensées étaient ailleurs. Dans un château froid, presque en ruines, aux côtés d’une Bête féroce, mais remplie d’amour et de désespoir… Byul sursaute presque, en entendant la clochette de la porte d’entrée. Mais ce n’est que Bae Ran et elle sourie, encore plus en comprenant de quoi il parle. « Je ne fais que te rendre plus populaire ! Le jour où une agence viendra te voir pour te proposer un contrat de mannequinat, n’oublie pas de remercier ta merveilleuse patronne ! » Elle range son livre, glissant avec douceur un marque-page pour ne pas perdre sa lecture, même si elle pouvait recommencer du début sans problème. Elle le connaissait presque par cœur, ce livre. Mais elle l’aimait tant. Jouant le jeu, avec son employé, la jeune femme soupire, efface son sourire et se penche en avant, s’accoudant elle aussi au comptoir. Leurs visages se rapprochent, mais elle ne s’en inquiète pas. Elle n’a jamais rien éprouvé de plus qu’un instinct maternel ou filial, à l’égard du jeune homme. Il est beau, certes, mais jeune. Et elle est mariée. « Je crois que je mourrai d’ennui, sans toi… Mais surtout, j’aurai dû fermer boutique depuis longtemps, tes fans sont définitivement ceux qui nous rapportent le plus d’argent… » Ce qui est faux, ils le savent tous deux. Mais prétendre était amusant. « Franchement, que serai ma vie sans ce magnifique flower boy pour travailler pour moi ? Je ne pourrai plus vivre sans tes fanboys qui connaissent par cœur tes horaires et ne viennent que quand tu es là, pour acheter un énième roman à l’eau de rose… ! »

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@"lee byul"

Sans pour autant changer de position, Bae Ran baissa légèrement la tête, étouffant un rire. Le rendre populaire ? Il n’en avait pas besoin. Moins il attirait l’attention, mieux il se portait. La suite le fit néanmoins tilter. Une agence de mannequinat ? Relevant son regard en direction de Byul, il reprit la parole. “Mais tu sais que c’est arrivé ?!” Maintenant qu’elle l’évoquait, ça lui rappelait Mme Kim qui avait tant insisté pour qu’il signe dans son agence. Au final, il avait fini par le faire, sans savoir ce que cela impliquerait particulièrement. “Y a pas longtemps en plus…” Est-ce qu’il devait lui dire qu’il avait passé un contrat ? Il ne voulait pas l’inquiéter, ni lui faire croire que pour cette raison, il ne passerait plus à la librairie. A choisir, Bae Ran préférait de toute façon l’ambiance chaleureuse de la boutique, plutôt que la froideur des studios de mannequinat. Il écouta attentivement les dires de la jeune coréenne, appréciant quand bien même - même si jouées et exagérées - ces quelques flatteries à son égard. “Je le savais, de toute façon. Attends… Fanboy ?” Il savait qu'il ne laissait personne indifférent, mais de là à ce qu’elle retienne plus de fanboy que de fangirl, il y avait de quoi se poser des questions. “Ils les connaissent vraiment par coeur ?” En même temps, si elle ne partageait pas autant les jours où il était présent, personne ne s’en souviendrait autant. “Ouah… C'est pour ça que j'ai de plus en plus de garçon qui me suivent sur instagram alors...” Fit-il, tout de même surprise par la nouvelle. Il s'arrêta un instant, laissant un court silence s'installer avant de reprendre. “Mais, j’aurai quand même droit à une petite prime ?” Bah quoi ? Il n’a pas le droit de remettre ça sur le tapis ?

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Ils jouaient et c’était en grande partie ce fait qui rendait Byul heureuse de travailler avec Bae Ran. Elle ne s’ennuie jamais, lorsqu’il est là, au contraire. Ils se chamaillent parfois, pour le plus grand bonheur de leurs clients réguliers, surtout de la grand-mère amoureuse des romans à l’eau de rose. La libraire aime penser que leur bonheur d’être ensemble rend l’atmosphère plus joyeuse, dans le bâtiment et aide les clients à se sentir à l’aise, à revenir. Mais la jeune femme ne pouvait nier qu’elle s’inquiétait du jour où son employé la quitterait pour de bon, s’envolant vers un autre travail plus stable et qui lui plaît sûrement plus. « C’est arrivé ?? Et tu ne me l’as même pas dit ! » Se retenant de rire, Byul mord discrètement l’intérieur de sa joue, son sourire trahissant malgré tout son expression faussement outrée. Ce qu’il dit ensuite, par rapport à ses fanboys fait se redresser la jeune femme, un sourire de victoire aux lèvres. « Tu crois qu’il vient pour quoi, selon toi, ce fan de Vampire Knight ? Il approche de la fin, je me demande ce qu’il lira, ensuite… Et ces deux étudiants qui viennent ensemble, régulièrement, pour acheter des livres sur la chimie ? Pour avoir déjà discuté avec eux, je peux te dire qu’ils sont étudiants en médecine… » Faisant semblant d’être occupée, Byul baisse la tête, arrangeant quelques petits détails du comptoir. Elle était comme ça, attachée à chaque petits détails lorsqu’elle y faisait attention. La remarque suivante de Bae Ran lui fit relever la tête, les yeux brillant d’amusement alors qu’elle ravale son rire, à nouveau : « Tant de beaux et jeunes garçons qui ne diraient pas non à une nuit dans tes doux draps si bien parfumés… » Gardant une pose un peu aguicheuse quelques instants, la libraire ne parvient pas à se retenir longtemps, se mettant à rire en imaginant le prochain passage de ces fanboys, lorsque l’employé les verrait. « Et tu auras le droit à une prime si tu travailles dix heures de plus par semaine. » Clin d’œil en prime, la jeune femme se remet à rire en s’écartant du comptoir pour faire un tour dans les rayons. Lorsqu’il n’y avait pas de clients, il ne restait plus que ça à faire : vérifier que tout était à sa place. « Tu devrais déjà être heureux, je pense à ta vie amoureuse, peu importe de quel côté elle penche ! » Elle s’en fichait, à vrai dire, Byul. Tout ce qu’elle aime, c’est l’amour. Dans toute sa pureté, ses complications et ses facettes.

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Certes, Bae Ran n’avait jamais évoqué sa rencontre avec Mme Kim avant aujourd’hui, mais il avait ses raisons, et ce n’était absolument pas dans le but de cacher cette information à la propriétaire des lieux. Loin de là, d’ailleurs. “Je ne t’en ai pas parlé parce que je ne trouvais pas cela particulièrement utile...” Et c’était vrai. Le rire que retenait la demoiselle, Bae Ran le voyait très bien, faisant mine d’être vexée d’une telle réaction de sa part. Tout comme il ne pouvait définitivement pas cautionner les mots qui suivirent. Pour lui, les gens venaient avant tout pour les livres, pas pour voir son minois. “C’est peut-être simplement parce qu’ils sont intéressés par les vampires. C’est un manga très connu.. Ça ne m’étonne pas qu’il soit pris par l’histoire.” Et non par sa présence à lui. “Et puis, la curiosité n’a pas de limite. Je suis étudiant en chimie et ça m’est déjà arrivé d’emprunter un livre de médecine…” Bae Ran n’était définitivement pas pas un exemple, lui qui faisait partie de ce genre de personne qui se devait d’assouvir leur soif de savoir de la sorte. Ou bien était-ce simplement pour sortir une excuse expliquant les actions des ces étudiants. Lorsque Bae Ran se mit à ’imaginer cette scène que pouvait ensuite décrire la jeune coréenne -étrangement bien, d’ailleurs-, il ne put s’empêcher de frissonner de la tête aux pieds. Brr. Il fallait vite effacer ce genre de penser pour son esprit, sous peine de s’endormir avec des images cauchemardesque. “Yah, dix heures par semaine en plus, ça fait beaucoup quand même.” Et même s’il l’aurait voulu, il n’aurait pas pu. L’agence avait plus besoin de lui que Byul ne pouvait en avoir besoin au sein de la librairie. Même Ji Bin lui prenait beaucoup plus de temps qu’il ne l’aurait pensé, ou qu’il aurait aimé. D’un signe négatif de la tête, il affirma ses précédents dire, alors même que Byul se mettait à bouger, Bae Ran s’adossant au comptoir pour être à nouveau tourné vers elle. “Nop, je ne pourrais définitivement pas. Et ma vie amoureuse n’a pas besoin de toi, crois-moi. J’ai tout sauf le temps de m’occuper de quelqu’un en plus.” Il avait déjà assez sur les épaules pour ne pas rajouter le poids d’une possible petite amie. Profitant du fait que la libraire était à moitié occupée, Bae Ran déposa le petit sac qu’il avait amené avec lui, sur le comptoir. “Et toi, ta vie amoureuse ? Tu parles beaucoup de la mienne, mais je ne sais rien de la tienne particulièrement. Tout se passe bien ?” Il savait juste qu’elle était mariée… Et encore...

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Byul découvre avec surprise que son employé aurait très bien pu partir… Elle n’ose même pas se demander ce qui se serait passé, s’il avait accepté de devenir mannequin. Mais elle ne peut pas s’empêcher d’être un peu satisfaite d’apprendre qu’il a refusé. Quant aux fans du jeune homme… La libraire pousse un petit soupir en secouant sa tête, ses lèvres étirées en un léger sourire. « Si c’est ce que tu préfères penser… C’est comme tu le sens ! » Qu’il continue de se voiler la face, le moment où il découvrirait la vérité n’en sera que plus amusant. « Dix heures par semaine… Mais avec un bonus, voyons ! » Elle n’est pas sérieuse, en réalité et se doute bien qu’il en a conscience. S’il y a bien une chose à laquelle Byul donne de l’importance, ce sont les études. Elle n’en a peut-être pas fait, mais elle refuse que Bae Ran soit pénalisé à ce côté-là en travaillant trop. Elle est totalement prête à sacrifier un de ces propres jours de congés, si ça peut permettre à son employé de travailler ou de se reposer. Mais ça, elle ne le dit pas. Ce n’est pas son style. Se dirigeant vers les rayons, la libraire observe les rangées de livre en continuant de parler, exprimant son inquiétude pour la vie amoureuse du jeune homme. Elle aurait dû y penser, en réalité. Byul n’aurait pas dû en parler. Deux questions avec une remarque. Trois petites phrases qui la font se figer sur place, comme pétrifiée. Puis elle se remet en marche, force un sourire et tourne pour se cacher de Bae Ran, profitant du fait qu’elle ait vu un trou entre les livres. « Tout va très bien, voyons, pourquoi poser cette question ? » Il n’a aucune raison de connaître ses doutes, ses inquiétudes. Ils ont beau être amis et s’apprécier, ils travaillent ensemble. Il ne mérite pas qu’elle l’embête avec ses ennuis. « Tu peux prendre des notes, s’il te plaît ? Il faudrait qu’on se réapprovisionne en romans d’Agatha Christie, surtout ceux sur Hercule Poirot. » Parcourir le reste des rayons ne lui apprit rien de nouveau, si bien que Byul retourna au comptoir tranquillement, pour aller dans la réserve. « Au fait, tes études, ça se passe comment ? » Elle n’avait pas beaucoup de livres à mettre sur les étagères, mais ça l’occuperait un peu.

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Bonus ou pas, Bae Ran ne ferait pas ces 10h en plus. L’argent n’était pas sa motivation, ne l’avait jamais été, et ne le sera vraisemblablement jamais. Alors il se contenta simplement de sourire un peu à l’attention de sa patronne. Adossé au comptoir, il se mit à observer les quelques livres qui lui faisaient face, alors même qu’il attendait une réponse de la part de Byul a sa précédente question. Il n’avait pas tort, d’un côté. Ce n’était pas quelqu’un de particulièrement curieux, ni même d’intrusif dans la vie des autres, mais c’était une question qu’il lui était passé par la tête, et il n’avait pas réellement réfléchis avant de la poser. Il attendait, et il s’en rendait définitivement compte, que quelque chose n’allait pas. Son regard dériva dès lors sur la jeune femme, qui ne réagissait plus. Ce n’était pas quelque chose qui demandait grande réflexion, normalement, et pourtant, voilà qu’elle ne disait plus rien. Tout en gardant pour lui une quelconque remarque supplémentaire, Bae Ran l’observa en silence se penchant légèrement sur le comptoir pour attraper un bloc note et un stylo, y notant les quelques informations que lui donnait la libraire. “Comme ça.” Il demandait comme ça. Si elle souhaitait en dire plus, elle le ferait, l’étudiant était tout sauf le genre de personne à soutirer ce genre de chose de la bouche des gens. Tant qu’on ne lui en parlait pas, c’est qu’on avait pas envie de lui en parler. Mais il l’avait remarqué, que peut-être ça n’allait pas aussi bien qu’elle l’affirmait. Gribouillant quelque chose d’illisible à côté de ses notes, le coréen réfléchissait à ses études. “Hm. Ça se passe bien.” Comme d’habitude. “Rien de spécial à signaler.” Si ce n’est qu’il manquait bon nombre de livre à la bibliothèque de l’université. Heureusement pour lui qu’il pouvait trouver son bonheur ici. “Quand tu auras fini de bouger dans tous les sens pour te changer les idées, je t’ai amené un petit quelque chose, j’aimerai que tu regardes.” Il déposa le stylo, et lui montra d’un geste de la tête le paquet qu’il lui avait apporté. Rien de bien particulier, mais Noël venait de passer, et il n’avait pas encore eu l’occasion de lui offrir quelque chose. Cela faisait un petit moment qu'il souhaitait avoir ce genre d'attention à son égard. Ses études lui permettant de réaliser des parfums, il avait souhaité mettre ses connaissances en pratique pour la jolie libraire.

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Byul ne serait franchement pas contre voir Bae Ran plus souvent, bonus ou pas. Travail ou pas. Mais elle n’était pas sûre de pouvoir le lui dire. Du moins pas tout de suite. Et même lorsqu’elle se balada dans la librairie, qu’elle faisait comme si de rien n’était, elle hésita à tout lui dire. Mais elle ne dit rien, fait comme si de rien n’était, ment comme une arracheuse de dents, comme on dit. Elle se doute bien qu’il n’avale pas ce déni de problèmes, mais il a la gentillesse de ne rien dire de plus et elle respire un peu mieux, tout en continuant de faire comme si tout était parfait. Elle trouve un prétexte pour rester encore un peu loin, pour reprendre ses esprits. Même si elle travaille réellement. Elle prend malgré tout des des nouvelles des études du jeune homme, ça l’intéressait toujours. Elle n’était pas allée à l’université, n’avait même jamais visité une seule école depuis que son oncle l’avait adoptée, si bien que toute cette vie étudiante lui était complètement étrangère et l’attirait un peu, comme la mer peut charmer le citadin qui n’a jamais vu autre chose que des murs de béton. Quelques livres dans les bras, la jeune femme retourne près du comptoir où elle se décharge. Elle ira ranger ces ouvrages après. « Pour moi ? » Elle est surprise, en toute honnêteté. Ce n’est pas désagréable, mais… Elle n’y avait pas pensé. Mais il est vrai que Noël venait à peine de passer. Qu’elle-même avait pensé à ça. « Dans ce cas, attends un peu. » Elle retourne dans la réserve pour y récupérer le petit ouvrage qu’elle avait acheté un peu avant les fêtes de fin d’année. Le petit objet serré contre son cœur, elle revient jusqu’à Bae Ran pour lui tendre le paquet, un sourire aux lèvres : « Joyeux Noël, Bae Ran. » Un petit guide des fleurs odorantes avec une rose pressée puis séchée, pour la transformer en marque-page.