❅ Be The King ❅

Elle était aux anges aujourd'hui, la chapelière, comme à chaque fois que son meilleur ami venait lui rendre visite. La présence de Jibin dans sa vie était un grand vent de fraîcheur, ainsi que de nouvelles aventures tous les jours. On leur reprochait leur enthousiasme, à tous les deux, mais ils n'en restaient pas moins deux grands enfants qui avaient trouvé un partenaire de jeux dans les yeux de l'autre. La brunette sifflotait joyeusement en se faisant deux nattes de chaque côté du crâne. Pour accentuer sa coiffure, c'était un béret rouge qu'elle avait décidé de placer sur sa tête pour aller avec sa robe. Le garçon ventait d'annoncer son arrivée en sonnant à la porte du magasin, et la demoiselle se rua jusqu'à cette dernière pour lui ouvrir. " Bibine ! Tu es prêt ? On y va ? " Si elle l'attendait, aujourd'hui, c'était car Ayana avait grandement insisté pour l'emmener à ce nouveau salon de thé qui devait ouvrir en ville. Les rues étaient bien animées, de même que les conversations des deux amis qui ne manquaient pas de rire lorsqu'ils en avaient l'occasion, sans prendre en compte les regards des passants. Au bout d'un certain temps, la jolie brune fut pourtant attirée par une sorte d'amas de foules devant une pâtisserie. Bientôt, elle se mit presque à sautiller sur place en attrapant le bras du garçon pour le trainer avec elle. " Qu'est-ce qu'il se passe, là-bas ? On devrait aller voir ça, tu ne crois pas ? " Elle ne lui demandait pas vraiment son avis, Ayana, la voilà déjà qui faisait la queue comme tout le monde en essayant de savoir ce qu'il se tramait devant. Leur tour arriva bien vite, et alors que la vendeuse leur tendait deux parts de galettes, la chapelière glissa quelques mots à son meilleur ami. " On y va ensembles ? " Elle s'emparait alors du morceau de gateau, comptant jusqu'à trois avant de le porter à ses lèvres avec gourmandise.

Malgré les années qui ont passé depuis l'incident, mettre le pied à l'extérieur entraîne toujours un certain stress chez moi; une sensation d'étouffement dans ma gorge, un poids dans l'estomac, un serrement dans la poitrine. Je vaincs toutefois l'angoisse tant bien que mal, marchant avec plus ou moins d'assurance dans les rues recouvertes d'une fine couche de neige. L'hiver, saison qui me laissait un goût amer dans la bouche. Mais l'odeur de la galette des rois qui m'attendait était suffisante pour m'aider à bloquer toutes ces mauvaises pensées, et je laisse mon esprit s'échapper en regardant les milles et un détails qui rendent la boutique dans laquelle je me trouvais unique. Lentement mais sûrement, la clientèle qui avait pris place dans la file avant moi se faisait servir; certains recevaient une couronne d'autres repartissaient bredouille mais consolés par un estomac plein. Mon tour venu, je souris à l'employée, prenant délicatement le morceau de galette qu'elle m'offrait. Quel sera mon sort aujourd'hui? Pourrai-je garnir ma tête d'une jolie couronne avant de rebrousser chemin?