bakh & bang

potentiel grossier de ronger les ongles de l’opportuniste de sorte à ce qu’il se sente gêné au point de revenir chaque fois avec l’humiliation difficilement remise à terre et fréquentes visites fondées sur les espoirs refoulés en la personne qu’il préférait nommer dans un fond intérieur comme rage. parce que le plus jeune n’écoutait les conseils du roux que dans la rareté d’une pierre adamantine entre les mains d’un pauvre, en sois, jamais.

prenant l’initiative d’arriver pile à l’heure pour la fin des répétitions et ainsi mieux barrer comme à l’accoutumée, le passage à un certain danseur. son regard ennuyé faisait tout de la tronche caverneuse qu’il ne pouvait s’empêcher de tirer en pensant déjà à la peine perdue pour laquelle il s’adonnait toujours aussi ardemment. « je me répète certainement, mais ceci est un gâchis » les doigts serrés dans les poches de son pantalon et son impatience mise à rude épreuve dans l’attente d’une réponse positive à ses supplications.

tout revenait à reon, à son égoïsme et à sa décontenance, parce qu’il avait sentie quelque chose lui échapper et que ça avait propagé quelque chose de douloureux en son être. ce n’était pas inédit, lui aussi il l’avait presque trahit, mais il n’acceptait pas, il ne voulait pas du tout.

Le danseur sentait le sang pulser dans ses veines, tandis qu’il répétait un ultime mouvement, virevoltant et se contorsionnant comme si son corps n’avait ni masse ni os. La vitesse de la chorégraphie l’enivrait, il se sentait libre, son cœur battait sous l’adrénaline, et ainsi, il avait l’impression de pouvoir se défaire de n’importe quels barreaux. Personne ne pouvait l’enfermer, il n’en était jamais aussi sûr que lorsqu’il dansait.
Il s’arrêta en même temps que la musique, le souffle court, sous les applaudissements des quelques collègues encore plus admiratifs que découragés par le perfectionnisme de Chin Hae. Il avait répété une centaine de fois les derniers mouvements, pour les perfectionner, les maîtriser, les faire siens. Il tenait plus que tout à faire de chaque chorégraphie la sienne. Et il excellait à ça. Plus que le talent, il avait aussi la persévérance. Il répétait encore et encore, jusqu’à en être l’espace d’une seconde satisfait… avant d’y trouver encore quelque chose à redire, faisant soupirer ses partenaires qui avaient parfois du mal à s’ajuster.
Il avait pris une pause un peu avant la fin pour pouvoir prendre sa douche avant de rentrer, appréciant de pouvoir se débarrasser aussi vite de l’odeur de la sueur et pouvoir mettre des vêtements propres sans craindre de les tacher. Il se sentait détendu, ramassant ultimement son sac, ébouriffant ses cheveux encore trempés, prenant en dernière minute la direction de la sortie.
En passant la porte du bâtiment, juste avant que celle-ci ne se ferme définitivement, il ne pensait pas recroiser cette personne ce soir-là. Dans la pénombre, il n’était toutefois pas compliqué de reconnaître quelques mèches rousses, un air un peu trop sévère pour le visage jeune qui les arborait, et la silhouette fine et élancée d’un des quelques Hunter qu’avait fréquenté Chin Hae.
Il l’avait reconnu immédiatement, faisant toutefois mine de prendre un air presque surpris. Mais il était vrai que Reon passait souvent. Oui, il le croisait un peu trop. Juste un peu. Il savait bien pourquoi, et contrairement au rouquin qui semblait à chaque fois accumuler plus de frustration, lui il y trouvait toujours plus d’adrénaline, aimant tourmenter le jeune homme, jouer avec lui, le faire tourner en bourrique jusqu’à n’en plus pouvoir. Contrairement à Whee In pour laquelle il avait un minimum de respect, il ne se posait aucune limite pour embêter Reon.
Il fixa, une lueur amusée dansant dans son regard, les mouvements orageux dans les poches du jeune homme, un sourire s’esquissant sur ses lèvres pleines au fil des mots échappant au Hunter. Du gâchis ? Il savait très bien de quoi on lui parlait, cette discussion se répétait inlassablement, mais Chin Hae s’amusait à chaque fois à y rajouter du piment, des rebondissements.

- Du gâchis, quel gâchis ? Demanda t-il, prenant un faux air d’incompréhension, avant que son sourire insolent lui revienne alors qu’il tournait autour de sa victime, Du gâchis que ton esprit implacable n’ait pas vu venir ma trahison ? Du gâchis parce que tu as beau revenir, je ne te cède toujours pas ?

Attaquer l’ego de Reon, sa passion. Le jeune rouquin était monstrueusement intelligent, c’était connu chez les Hunter, et il était donc d’autant plus délicieux aux yeux du danseur que l’esprit brillant de son camarade n’ait pas vu venir sa trahison. D’autant plus délicieux aussi qu’il ait songé à faire de lui un de ses pions pour son dernier projet, sans savoir qu’il lui filerait entre les doigts, sans savoir que ce soir encore, il rejetterait son offre avec une insupportable insolence.
Il s’arrêta de tourner pour réajuster le col de son interlocuteur, pas le moins du monde intimidé. Cela faisait quelques temps qu’il n’avait plus peur du Hunter. Il savait se défendre de toute façon, et il savait aussi que son adversaire était relativement (et logiquement) inefficace mené par ses émotions. C’était quelqu’un d’intelligent avant tout, et cette intelligence représentait une bonne partie de ses capacités, et l’émotion altérait la réflexion. Il semblait donc plus facile d'échapper à un Reon fâché qu'à un Reon neutre et en pleine possession de ses capacités.

- Le seul gâchis Bang Reon, c’est que tu n’aies toujours pas fini dans mon lit, lui fit confidence le diablotin d’une voix suave, attrapant par la taille le jeune Hunter pour le tirer vers lui.

En guise de provocation, son regard se balada sans honte sur le visage de l’ennemi, dérivant jusqu’à sa bouche, tandis qu’il se mordait lui-même la lèvre inférieure. Puis, il leva à nouveau les yeux pour que ses orbes brillantes rejoignent celles du rouquin, le relâchant quelques peu sans pour autant s’éloigner. Il adorait le rendre ainsi fou, se délectant de toutes les expressions passant sur son visage, de toutes les émotions dans ses yeux. Tout ce qu’attendait Chin Hae, c’était qu’il réponde, qu’il s’enfonce, qu’il lui laisse de nouvelles perches. Si Reon s’attendait à ce qu’aucun de ses mots puisse être réapproprié par le danseur, il se trompait lourdement. Mais ça, la réincarnation de Kaguya s'imaginait qu'il le savait déjà.

les bras croisés à son torse et les iris roulés de la gauche vers la droite, sa caricature s’était approchée du jeune homme qui l’y avait forcé en manque de tenter quoi que ce soit d’opposant aux habitudes de l’autre. un soupire pour évacuer le flux dantesque de son exténuation, reon ne comptait pas se laisser avoir, en fait, il lui avait même passé un bras au cou, le fourchu. il y avait pris goût, à vrai dire, ça demeurerait un plaisir éternel de se faire prendre un râteau dans des mises en scène aussi accrocheuses que celles-ci [ironie], quoique…

« effectivement, c’est bien dommage aussi… pourquoi je devrais prendre en compte tes petits caprices si tu ne t’occupes pas des miens d’abord ? » typique. sa vie était un marché, il n’allait pas offrir sans avoir d’abord reçu, puis il était trop fière pour se permettre une défaite de plus que les autres. après quoi, il ne pu quand même empêcher un certain juron inoffensif, ses mains retournées dans ses poches et son regard de mieux en mieux irrité. « en fait, tu m’exaspères… »

appartenir au groupe de hunter ne représentait rien de plus à son saint orgueil qu’un certificat de survie quant à l’assaut que cette même réunion d’obsédés menait contre eux, les intrus. un moyen de se protéger de la purge mais aussi de la contrôler, parce qu’on la menait soit même. rien de plus ou de moins pour l’intéressé qu’il était. avec lui, ça revenait tout droit de l’évidence la plus banale, ça demeurait comparable à un réflexe acquis, si bien même qu’être confronté à un point de vue différent du sien le mutilait; bakh le déroutait et le tout formait un non-sens désordonné dans sa tête. « pourquoi tu préfères cet opéra aux espaces géants dans lesquels tu pourrais prester ? pourquoi tu choisis de te mettre en danger si tu pourrais vivre mieux sans soucis à te faire ? » en fait, il n’arrivait juste pas à comprendre le pourquoi du refus de ses offres, de la richesse, ce qui pour lui ne semblait être synonyme que de bien être en échange de rien du tout. lui il vivrait sa passion tout en aidant pour la tuerie, sans même avoir à croiser le regard de ceux qui allaient y passer grâce à lui sur scène.


pour reon, le plan était infaillible, noyé dans sa perfection et sans défaut apparent. mais pourquoi refuser son offre ? pourquoi le refuser lui ? ça lui ôtait radicalement les mots de la bouge et il s’en voyait terriblement vexé à chaque fois. sans aucun doute un héritage de ses antécédents, quand on sait que ceux-ci avaient toujours parlé sous cette même discordance quand venait le moment où ils ne pouvaient pas « avoir » tout court. « ce sont ces saviors qui t’ont coloré les pensées avec leurs discours sur "ce sont toujours les gentils qui gagnent" ? tu comptes mieux sur eux pour te protéger que moi ? ou bien tu as juste pris un malin plaisir à te foutre de ma gueule simplement » il voulait juste chin hae sans rien vouloir lui donner en échange parce qu’il demeurait égocentrique, il souhaitait qu’il fasse ce qu’il lui semblait être juste de faire, en le tentant rien qu’avec de belles paroles concernant passion et argent facile, comme s’il ferait le bonheur d’une autre personne que lui-même. son problème, c’était que la situation ne lui plaisait pas, et qu’au non de tous les chevaliers maudits qui avaient existé avant lui, son battant suffoquait inlassablement. restait aussi cette petite pointe de solidarité inavouée, rapporté au fait qu’il ne pouvait pas se contenter de voir celui qu’il considérait s’écarter de sa personne vraisemblablement possessive et envieuse sans rien en dire.

Chin Hae, la situation l'amuse simplement. Il joue, il n'a pas besoin d'avoir peur. Il sait qu'au pire des cas, il pourrait toujours se sauver. Mais au final, à chaque fois que Reon revenait, il savait juste qu'il avait tout intérêt à prendre tout à la rigolade, et à ne pas réfléchir. Le soucie avec cet imbécile de rouquin, c'était qu'il faisait aller ses pensées dans le mauvais sens s'il se laissait aller à son jeu. La manière de répliquer était donc de le provoquer, de prendre l'avantage du jeu, de jouer sur l'ego, la susceptibilité de son adversaire. De toute façon, à force, le jeune Hunter était devenu prévisible, il y avait même quelque chose de pathétique dans son comportement. Pourquoi autant s'accrocher ? Il se faisait du mal pour rien. Une perte de temps, c'était une perte de temps, au mieux... Même si Chin Hae serait triste de ne plus jamais le recroiser... C'était qu'il s'attachait à le rendre fou, ce pauvre Reon...
Le danseur fut toutefois un peu surpris par la réponse de son ancien camarade. Il avait sottement pouffé, surpris que le tsundere face à lui soit en train de sous-entendre qu'il acceptait sa dernière demande sous condition. Bon sang, il plaisantait quand même, non ? Toute cette affaire sonnait vraiment désespérée dans la fond. Mais pourquoi ? Ce rouquin n'aimait juste pas perdre, c'était ça. Il détestait se tromper, ça faisait partie de ce qui accompagnait son cerveau tordu.
Et maintenant il l'exaspérait ? C'était bien le but, Chin Hae était content que Reon le dise, ça le motivait encore plus à continuer. "Oh chaton, t'exaspérer c'est précisément le but," roucoula le danseur. Il n'allait pas répondre à la première partie, il savait que sinon, il pourrait laisser des accroches au rouquin pour qu'il retourne la situation à son avantage. Et non, l'ego de l'artiste n'était pas non plus du genre à supporter de se faire rouler dans la farine.
Mais ce qu'il y avait à chaque fois dans les yeux de Reon, c'était une profonde incompréhension. Une impression qu'il ne saisissait pas la chose. Qu'est ce qu'il était si compliqué à chaque fois à saisir pour le rouquin ? Chin Hae ne le saisissait pas bien non plus, ils avaient toujours eu du mal à se comprendre, même avant qu'il ne trahisse les Hunters. Enfin, de toute évidence, ce n'était pas comme si parmi les Hunters, les gens cherchaient à se comprendre. Il n'y avait vraisemblablement que peu d'humanité dans le rang de ces pseudo-justiciers du chaos.
Les questions du jeune homme aux cheveux roux ne démontraient que le manque de compréhension et de perspectives parallèles parmi les Hunters. Chin Hae, il avait mal pour Reon, quelques part, parce qu'il avait l'impression qu'il était prisonnier d'un modèle unique. Ou peut-être se trompait il en reportant trop de sa personne sur son ancien allié. Comment pourrait il lui dire ? Il avait l'impression de faire face à un enfant perdu. Un enfant perdu, qui avait grandit trop vite. Au fond, Reon était probablement de ce type, et encore une fois, Chin Hae pouvait le comprendre. Même si les Hunters refusaient à se décrire ainsi, ils étaient des assassins, le danseur en était persuadé, et il savait ce que c'était de prendre les armes à dix-sept ans, et tuer quelques de ses propres mains, se faire manipuler, laver le cerveau. Oui, chez les Hunters, ils seraient en sécurité, mais une fois qu'ils n'y aurait plus qu'eux de Wonderlandiens dans les rangs, que se passerait il ? Qu'est ce qui leur certifiait même avant qu'on ne les éliminerait pas s'ils devenaient moins utiles ?

- Les spectacles à l'opéra sont plus libres et créatifs, je préfère avoir ma liberté, déclara toujours d'un ton décontracté la réincarnation de Kaguya.

Oui, il aimait son travail. Il avait l'impression de pouvoir à nouveau posséder son corps, dépenser son énergie, et fuir ses pensées. Chin Hae, ce n'était pas quelqu'un qui aimait ressentir des choses, ni trop réfléchir. Il se savait plus sentimental qu'il ne voulait l'admettre, au point que certaines choses le rendent maladies, mais il était du genre à vivre dans le déni. Les sentiments, ce n'était qu'une mer noire difforme dont il se débarrassait en dansant.
Le prince des bambous écouta tranquillement le Hunter reprocher aux Saviors de lui avoir mis des idées fausses en tête, tentant sûrement le tout pour le tout sans vraiment réfléchir. Il tiqua vaguement sur les mots de son aîné, se demandant vraiment si le rouquin avait envisagé une quelconque solidarité entre eux. Il savait bien que ce qu'il avait en commun avec Reon, c'était l'expérience d'être un Tale et un Hunter à la fois. C'était inconfortable, et dangereux, quoi qu'il arrive. Pourquoi un génie comme celui qu'il avait face à lui ne le comprenait pas ? Il peinait à suivre le raisonnement de cet ancien allié, ce qui le poussait simplement à revenir le chercher malgré ses refus et toutes les fois où il le mettait hors de ses gonds.

- Tu sais très bien qu'aux yeux des Saviors je resterai probablement pour toujours un assassin. Tu sais aussi que tu es un des très rares individus à savoir que je ne suis pas de ce monde non plus. Comme je sais que tu n'es pas d'ici non plus. Ne crois pas que les autres Hunters nous voient différemment, ils profitent juste de notre utilité. Nous avoir parmi eux, ça leur épargne du sang sur les mains, et ça facilite notre élimination dès que nos performances chutent.

Chin Hae, il était persuadé que s'il n'avait pas fuit, on aurait fini par le tuer. Il avait passé deux ans et demi, deux ans à demi à tuer de sang-froid, sans réfléchir, une véritable machine impitoyable, le cerveau lavé par les mots qu'il avait en boucle entendu durant sa formation. Mais à l'instant où il avait remis tout en question, et pour la première fois hésité à utiliser son arme, il avait compris que sa durée de vie serait limitée s'il restait. Il aurait à jamais été prisonnier des ordres de ses futurs tueurs, enfermé dans une cage de violence dont on taisait le vrai nom, privé de sa liberté de mouvements.

- Je veux être libre, Reon. Etre Hunter, ce n'est pas être libre, c'est juste se résoudre à tuer les tiens pour étendre ton espérance de vie. Tu n'es pas à l'abri, ne parle pas de me protéger alors que tu es le plus en danger ainsi. Ils savent où tu es, qui tu es, ce que tu fais, comment tu t'organises, et ils trouveront ton parfait Némésis pour te liquider une fois que tu seras défaillant.

Il ne pouvait pas lui dire cependant qu'il essayait de remonter vers les hautes sphères de l'organisation. Il ne pouvait pas dire qu'il avait besoin de sang sur ses mains, de venir à bout du haut de la chaîne, du chef même des Hunters. Il voulait sa peau, son sang sur ses mains. Il le haïssait, lui et les autres pour avoir profité de sa jeunesse et de sa méconnaissance totale du monde pour en faire un pantin idéal. Il les détestait pour avoir utilisé ses parents adoptifs comme arguments pour le discipliner, le dresser comme un animal.
Tout ce qu'il désirait, c'était sa liberté et sa vengeance. Mais il doutait que Reon le comprenne d'une quelconque manière. Il s'était néanmoins à nouveau approché de l'autre Tale, replaçant une mèche rebelle du rouquin derrière son oreille.

- Tu ne me protégerais nullement en me traînant dans leurs pièges, tu es naïf d'y croire... Même si je suppose que ça fait partie de ton côté génie, malin mais gamin, le provoqua t-il, Tu ne voudrais pas plutôt... que je te protège ? Je serai ta princesse guerrière venue de la lune te sauver.

Il souriait toujours le yeux brillants, se moquant ouvertement de la réincarnation de Mordred. Bien sûr que le rouquin savait se défendre, il n'était pas considéré comme redoutable pour rien, mais de toute évidence, Chin Hae trouvait juste ça drôle, d'imaginer Reon dans sa tour, en petit prince en danger.