Cha Aaden ♚ Welcome into the Woods

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Il faisait froid lorsqu’Aaden est né.  Il neigeait, et les arbres n’avaient déjà plus leurs feuilles. Le tapis blanc faisait briller les alentours de la maison, et le feu de cheminée apportait une certaine chaleur à l’habitat. Une chaleur et une fraicheur que n’avait jamais cessé d’apprécier l’enfant en grandissant. L’hiver, c’était à ses yeux l’une des plus belles choses que pouvait leur donner mère Nature. Ça, et les yeux bleu saphir de sa mère dont la couleur pouvait varier en fonction du temps. Lui n’avait hérité que des yeux marrons de son paternel qu’il n’avait jamais rencontré. Mais il les portait avec fierté, parce que c’était bien là l’une des rares choses qu’il avait bien pu hériter de lui d’après sa génitrice, ses yeux, et son sourire. Ce sourire, il l’offrait dès qu’il le pouvait à sa mère, parce qu’en grandissant, il comprenait très bien qu’elle était seule à s’occuper de lui, et qu’il ne devait pas faire son difficile …

Les deux vivaient ensemble, dans une petite maison, au beau milieu de la forêt. C’est là qu’il a toujours vécu, et qu’il a vu le jour. Pour lui, rien n’était plus agréable que sa propre maison. Sa mère l’avait emmenée, de temps à autre, dans la ville la plus proche, mais il avait souvent été mal à l’aise, il ne se sentait pas dans son élément, et savait dès son plus jeune âge faire comprendre à sa mère qu’il était désormais temps de rentrer. La forêt et lui, ils ne faisaient qu’un. Lorsque sa mère se mettait à tricoter, elle le laissait se balader dans les alentours, sachant parfaitement qu’il reviendrait toujours, qu’il ne se perdrait jamais. Et lorsqu’elle venait jouer avec lui, elle chantait toujours cette chanson de sa voix mélodieuse, faisant rire son enfant. « Promenons-nous, dans les bois, pendant que le loup n’y est pas ~ Si le loup y était il nous mangerait, mais comme il n’y est pas, il ne nous mangera pas ! » Et à chaque fois, Aaden partait en courant. Il n’avait pas peur des loups, Aaden, comme il n’avait peur d’aucun autre animal, d’ailleurs. C’était son environnement, et si les autres enfants avaient des amis de leur âge, lui avait les animaux de la forêt. En même temps, il ne passait que trop peu de temps avec les autres pour pouvoir se faire des amis, et généralement, il préférait jouer tout seul dans la forêt, là où les autres ne souhaitaient pas aller, l’endroit que les autres parents craignaient.  

Mais il y a eu ce jour, où il avait rencontré cet autre garçon. Lorsqu’il se baladait, faisait juste un tour, comme ça, il l’avait vu, de loin, cueillir des fleurs, et avancer sur son terrain de jeu. C’était la première fois qu’il voyait un autre enfant se balader seul, ici, alors même s’il n’avait pas peur de s’en approcher, il préférait garder ses distances, attendre encore un peu. Mais à un moment, à peine eut-il le temps de caresser un petit lapin qui s’était approché de lui que lorsqu’il releva la tête, l’enfant avait disparu. C’était dommage … Il aurait bien aimé aller le saluer. Alors quand il se mit à entendre des pleurs incessants, il n’avait pas réfléchi, et s’était approché d’eux jusqu’à retomber sur ce même petit garçon qu’il avait observé plus tôt. Debout, à côté de lui, il avait pris la parole. « Tu as besoin d’aide ? » Lui avait-il demandé ? Il avait plusieurs autres questions à lui poser, comme « Pourquoi pleurait-il ? La forêt lui avait-elle fait du mal ? S’était-il perdu ? », mais aucune question supplémentaire n’avait franchi ses lèvres. Vu la réaction qu’avait eu l’inconnu, il était même plutôt préférable de ne pas en rajouter une couche. Vraisemblablement perdu, et à la recherche de la maison de sa grand-mère, Aaden n’eut pas besoin de réfléchir bien longtemps pour faire le lien avec la maison de cette vieille dame, dont ils n’étaient pas si loin que ça. Alors, Aaden, à peine âgé de 5 ans, avait simplement tendu sa main en direction du petit garçon. Les mots n’étaient pas nécessaires, il l’aiderait, et lorsque son visà-vis l’attrapa, il lui adressa un faible sourire. Il n’allait pas le manger, voyons. Il n’y avait pas beaucoup de maison, par ici, et la forêt n’avait strictement aucun secret pour lui. Il avait donc simplement gardé sa main dans la sienne, sans le lâcher ne serait-ce qu’une seconde – parce que c’est comme ça que faisait sa mère, quand ils étaient ensemble, elle le tenait par la main, et l’emmenait à la maison. Lui, ferait pareil. Il emmènerait ce garçon chez lui. Sans un mot, Aaden avançait dans la forêt, jusqu'à arriver quelques minutes plus tard à destination. Surpris de voir qu’il connaissait l’endroit, Aaden avait expliquer cela par le simple fait qu’il connaissait la forêt comme sa poche. Trouver la maison de sa grand-mère avait dès lors été un simple jeu d’enfant, et il lui avait dit ça comme quelque chose d’on ne peut plus normal. Puis lorsqu’il se présente, et lui demande son nom, Aaden lui répond sans réfléchir. Il n’avait pas l’air méchant, pourquoi donc les loups voudraient le manger ? Il avait l’air même adorable, et Aaden, en y repensant, le voulait bien comme ami.  
Les deux s’étaient quitté sur un baiser de la part de Noa, sur la joue de celui qui semblait le plus jeune. Et soudainement, Aaden ne put s'empêcher de sourire bêtement. Il ne pouvait d'ailleurs pas expliquer les rougeurs qui coloraient ses joues, mais c'était une sensation agréable, ça il aurait pu le crier sur tous les toits.

En rentrant chez lui, ce jour-là, sa mère l’avait trouvé bizarrement heureux. Il lui répondait qu’il s’était fait un nouvel ami qu’il avait hâte de revoir. Elle était contente pour lui, mais était loin de se douter qu’il ne parlait désormais plus du simple faon du coin.  

Le lendemain, il s’était réjoui de recroiser ce même garçon. Mais cette fois-ci, ce n’était pas du hasard, il semblait être venu pour lui. Des fleurs en main, Noa lui avait tendu ce bouquet en guise de remerciements. Des remerciements ? Mais de quoi. S’il l’avait aidé, c’était pour le plaisir de le faire, pour lui venir en aide. Il n’avait jamais rien demandé en échange, et n’avait pas prévu de lui demander quoi que ce soit. Néanmoins, il avait été touché de ce geste, et la journée que les deux garçons avaient par la suite passé ensemble avait été le point clé de leur nouvelle amitié.
Depuis ce jour, Noa et Aaden s’étaient souvent croisés. Lorsqu’ils se retrouvaient, c’était principalement pour se balader dans la forêt. Aaden était fier de pouvoir faire découvrir son petit monde à son nouvel ami, lui montrer les plus beaux recoins que pouvait offrir cette forêt fabuleuse. Lorsqu’il était à ses côtés, il ne voyait plus le temps passer. C’était même devenu un moment quotidien qu’il attendait avec impatience. Bon, certes, les fois où Noa venait dans le but de lui apprendre à lire et à écrire, il aurait bien passé son tour, mais il faisait des efforts. Parce qu’il était heureux et la fierté dans le regard de son ami lorsqu’il réussissait lui donner envie d’aller de l’avant. Alors il faisait de son mieux, rallait bien souvent, mais avançait rapidement. C’était de toute façon essentiel s’il voulait profiter du garçon pour jouer dehors.  Et c’est ainsi que les deux grandissaient …

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En grandissant, Aaden l’avait remarqué. Même si ce n’était pas bien flagrant, ses yeux bruns avaient tendance à virer de plus en plus au rouge. Si au départ il s’était inquiété et s’était même cru malade, le fait que Noa et sa mère trouvent ses yeux beaux suffisait à le rassurer. Avec sourire, il avait fini par les accepter, jusqu’au jour où il découvrit finalement la vérité.

Il ne pourrait, à ce jour, toujours pas savoir s’il s’agissait d’un rêve ou bien d’un cauchemar. Mais les scènes qui étaient apparues dans son sommeils avaient marqué son esprit à jamais. Si une légende laissait sous-entendre que certains habitants de Wonderland étaient la réincarnation d’habitants beaucoup plus anciens, et dont les histoires étaient connues à travers le pays entier, Aaden avait plus ou moins compris son rôle, sans jamais oser en parler à qui que ce soit, pas même à Noa. Jusqu’au jour où ce dernier lui avait fait cette révélation, sur le fait que lui aussi était une réincarnation. Enfin, c’est ce qu’il sous entendait. Et sur le moment, Aaden n’avait pas su quoi faire. Il fallait réfléchir, et vite. Aaden connaissait très bien l’histoire dont provenait ces personnages que les deux représentaient, et il ne pouvait juste pas y croire. Alors, sur un coup de tête, il sourit à son ami en lui annonçant que lui n'était autre que le lapin, celui qui apparaissaient aux côtés de la si connue Alice. Ce mensonge était la seule chose qu'il avait pu trouver et qui pouvait aussi justifier la couleur de ces yeux loin d'être communs. Il n’avait pas pu se résoudre une seule seconde à lui avouer son rôle. Il ne pouvait pas le faire …

Depuis ce jour, Aaden enchaînait les nuits à ne plus dormir. Il avait peur. Parce qu'à chaque fois que ses yeux se fermaient, ce même cauchemar refaisait son apparition derrière ses paupières closes. Ce cauchemar où il se voyait entrer dans la maison de la grand-mère, où il se voyait ne pas hésiter à la tuer, où il se voyait faire de même avec l'enfant qui passait le pas de la porte. À chaque fois, c'était le visage de Noa qui le faisait se réveiller, en sueur. Sa mère ne comprenait pas pourquoi ses nuits devenaient si agitées, elle ne le comprenait plus tout court. Lui qui par le passé n'avait été que gentillesse devenait violent à la moindre remarque. Mais il n'arrivait pas à se contrôler. C'était plus fort que lui. Tout ce qu'il pouvait retenir lorsqu'il était en compagnie de Noa, seule personne auprès de qui il se sentait bien, ressortait avec plus d'ardence lorsqu'il était seul avec sa mère. Un rien l'irritait un jour, tandis que l'autre, il s'excusait auprès de la seule femme qu'il avait connu de toute sa vie. Mais il y avait des limites à ne pas franchir, et sa mère le lui avait bien fait comprendre lorsqu'elle lui avait annoncé quitter la maison. Elle avait peur de son fils, et là fut le premier déclic. Elle l'abandonnait, sans lui dire où elle irait, et lui n'arrivait même pas à s'excuser de son comportement, son égo prenant le dessus bien trop souvent ces derniers temps. Après sa mère, c'était au tour des animaux de la forêt, avec qui il avait pris l'habitude de jouer depuis son plus jeune âge, qui commençait à lui tourner le dos. Et plus Aaden y pensait, plus il se disait qu'il n'avait pas le choix, que ce serait comme ça ...  

Le temps qu'il passait avec Noa se faisait moins important que dans le passé. Ce n'était pas l'envie qui manquait, Noa était bien la dernière personne au monde qu'il voudrait voir disparaître de sa vie. C'était son seul véritable ami, son meilleur ami. Sans lui, il ne serait peut-être pas grand-chose ... Mais il aurait peur de le faire fuir aussi, de le blesser. C'était quelque chose d'inimaginable que de penser ne serait-ce qu'un instant pouvoir lui faire du mal. Mais il devait se rendre à l'évidence, cela pouvait bien arriver un jour ou l'autre ... Alors il se faisait un peu plus distant, même s'il profitait toujours autant de sa présence à ses côtés. C'était la seule personne qu'il avait autour de lui ...  

Les mensonges se faisaient de plus en plus présents, comme sur l'absence de sa mère qu'il justifiait par le simple fait qu'elle travaillait trop en ville. Travailler ... Lui aussi s'était mis à travailler, et ce n'était pas du joli. C'est quelque chose qu'il cachait aussi aux yeux de son aîné. Aaden, il avait du sang sur ses mains. Le premier crime qu'il avait commis, c'était un habitant de la ville, un simple boulanger, qui lui avait tout bonnement demandé de faire disparaitre le nouvel arrivant qui prévoyait déjà de lui faire concurrence. Aaden était un loup, capable de tuer sans aucun souci. C'était d'ailleurs un domaine dans lequel il était passé maître. Le meurtre. Personne n'arrivait à remonter jusqu'à lui, et c'est ce qui plaisait à tous ceux qui souhaitaient voir disparaître de leur vie certaines nuisances. Alors ils contactaient celui qui se faisait appeler "le loup", et c'est ainsi qu'il avait réussi sans grande difficulté à s'en sortir. Les tueurs à gages n'étaient pas monnaie courante à Wonderland, mais souvent recherchés par des personnes qu'on ne soupçonnerait même pas.  

Il ne savait pas s'il s'agissait d'un don ou d'une malédiction, mais il ne ressentait strictement rien lorsqu'il se trouvait face à sa victime, et qu'il lui faisait lâcher son dernier souffle. Il n'aimait pas cette facette de lui-même, mais n'arrivait pas à faire autrement. Même s'il savait lire, s'il savait écrire, personne ne voulait de l'aide d'un gamin vivant dans la forêt. Noa était bien le seul qui arrivait à lui vouer une confiance aveugle. Alors il faisait tout son possible pour préserver leur amitié.  

L'amour, il n'avait reçu que celui de sa mère, il ne savait que trop peu ce que cela pouvait réellement représenter, si ce qu'il ressentait lorsqu'il était avec Noa, le fait qu'à chaque fois qu'ils n'étaient pas ensemble, son absence se faisait presque invivable. Le fait que son cœur se réchauffait à chaque sourire qui lui était adressé, était-ce ça, l'amour ? Cette possessivité maladive qu'il avait à son égard, mais qu’il essayait de cacher. Ces sortes de sensations bizarres dans son bas ventre à chaque fois qu'il se mettait à trop le fixer, à trop penser à lui, à trop se perdre dans son regard. Était-ce ça, l'amour ? Oui, sûrement. Sinon, il l'aurait bel et bien repoussé lorsque leurs lèvres s'étaient scellées dans un baiser tout aussi tendre, que par la suite passionné. Il n'aurait pas senti son cœur battre si fort dans sa poitrine, et n'aurait pas eu ce soudain désir de l'autre au moment même où Noa lui avait sorti cette phrase qui, dans un murmure, avait tout déclenché. « Je veux que tu sois à moi et je veux n'être qu'à toi... » Oui. Aaden n'était qu'à lui. Aaden pourrait tuer pour lui. Il pourrait retourner le monde entier pour lui. Mais c'était trop tard maintenant, le plus jeune s'en était rendu compte bien trop tard. Il lui appartenait corps et âme depuis le jour où cet enfant s'était présenté devant lui, un bouquet dans les mains. Il lui appartenait comme il n'avait appartenu et n'appartiendrait à personne d'autre. Et ce qui avait suivi cet échange avait été un instant magique aux yeux du brun. Les mains et baisers de Noa avaient comme laissé une marque indélébile sur son corps, il pourrait presque encore les sentir aujourd’hui. C’était un peu bizarre, dis comme ça, mais Noa avait comme marqué son territoire.

Ce moment, il l’avait inconsciemment attendu, il l’avait même rêvé, une fois, réfutant cependant ce genre de rêve à son réveil. Et pourtant, à l’instant même où ses lèvres avaient touché celles de son ami, il avait compris qu’il venait de faire ce pas de trop. La douceur de leur amitié s’était désormais transformée en amour interdit. Un peu comme Roméo et Juliette. Aaden était le loup, Noa le petit chaperon rouge ; ils n’étaient décidément pas faits l’un pour l’autre, c’était certain. La nature même du plus jeune était censé mettre en danger l’ainé et il devait absolument tout faire pour s’en éloigner. Quitte à disparaître de sa vie, s’il le fallait. En niant depuis le début ses origines, il avait espéré, longuement, pouvoir rester auprès de lui. Il avait même essayé de mettre un peu plus de distance entre eux, par simple précaution. Parce qu’après tout, ils étaient tout de même liés l’un à l’autre … Et le garçon était ce qu’Aaden avait de plus cher.  
Ce soir-là, Aaden avait pris sa décision. Lorsqu’il avait quitté Noa, lui adressant un simple « à demain », il ne savait lui-même pas que ce serait la dernière fois qu’il croiserait son regard, qu’il lui sourirait en retour, qu’il entendrait sa voix. Mais c’était pour son bien, qu’il était parti. Aaden, c’était un tueur, un meurtrier, il était dangereux. Depuis le début, il n’avait fait que lui mentir. Alors quitte à choisir, il préférait disparaître du jour au lendemain, sans rien dire, plutôt que de rester près de lui tout en sachant qu’un jour, il pourrait ne plus se contrôler. Qu’il devrait peut-être le tuer, le blesser, à son tour. Ou encore que Noa puisse découvrir la vérité. Il ne voulait aucunement voir ce jour arriver, alors il devait partir, loin. Mais quitter les environs n’était pas assez, il fallait que leurs distances soient telles qu’il serait certain de ne plus pouvoir le revoir.

Lorsqu'il s'interrogeait sur où aller, un nom lui était revenu en mémoire : Kaa. Tout fut ensuite très rapide dans son esprit, et il ne prit même pas soin de faire ses valises. Il était parti les mains vides, mais ce n’était pas un problème, il savait exactement où il allait, et qu’il n’aurait besoin de rien d’autre si ce n’est que sa propre personne. On lui avait promis une belle somme d’argent, un boulot, un endroit où vivre, et c’était bien assez. Il n’avait vraiment pas besoin de plus.  

Lorsqu’on lui avait proposé pour la première fois cette offre, il l’avait refusée. « On a besoin de quelqu’un comme toi. » « Je ne suis pas unique, allez voir ailleurs. » « Tu as besoin d’argent, tu en auras. » « Je me débrouille assez bien tout seul. » « Tes primes seront encore plus élevées que celle que l’on peut t’offrir actuellement. Tu n’es pas un tueur comme les autres, les gens le remarquent de plus en plus. » « Ne me prenez pas pour quelqu’un que je ne suis pas. » « Tu es né pour ça, Aaden. Nous savons qui tu es, tu peux peut-être lui cacher, mais nous ne sommes pas dupes. » « Laissez-le en dehors de tout ça, il n’a rien besoin de savoir. » « Alors étudies mon offre, et nous en reparlerons. » « Peut-être plus tard. » « On t’attendra, alors. »

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Son échappatoire se résumait à quitter complètement Wonderland. Il existait un miroir permettant de passer d’un monde à l’autre. Le monde de Wonderland, au monde des humains. Plusieurs personnes y avait déjà fait le voyage, et ce qu’il avait pu en entendre n’était pas non plus désagréable, et donnait même plutôt envie. Il lui suffisait juste d’à son tour se rendre au passage, et dire pour de bon adieu à ce monde qu’il espérait ne plus revoir de sitôt.

Aaden n'avait eu aucune difficulté à passer de l'autre côté du miroir. Certes, il n'était peut-être pas aussi futé et rusé qu'un renard, mais il était très intelligent, personne ne pouvait nier ce point-là de sa personne. Alors, à son arrivée, la surprise, bien que très présente les premiers jours, disparu elle aussi rapidement. Aaden était très doué pour s'adapter aux différents environnements, même s'il n'y avait pas photo, rien ne serait jamais plus parfait que sa maison et sa forêt ... Il était vraiment qu’il n’y était pas aussi à l’aise que dans son pays natal, mais il s'y faisait, et il ne devait plus y penser. Il avait tiré un trait dessus depuis qu'il avait décidé de partir.  

Lorsqu'il était arrivé à Séoul, il n'avait pas mis bien longtemps à repérer - ou bien était-ce justement lui qui avait été repéré - par les sous-fifres de celui qui l'avait incité à se rendre dans cet autre monde. On lui avait expliqué pas mal de choses, en plus de lui proposer un toit, une certaine formation pour manier des armes inconnues au jeune homme, et d'ores et déjà un boulot. La seule chose qu'Aaden devait donner en échange, c'était de son temps, de temps à autre, pour participer au business qu'était cette chasse à l'homme. Ce n'était pas quelque chose dont il était étranger, alors il avait accepté.

Les premiers jours étaient difficiles. Aaden avait l'impression de ne jamais être rassasié, ce qui était à longueur de journée bien embêtant. Mais ce n'était rien comparé à ce que l'absence de Noa dans sa vie pouvait causer. En plus de se sentir terriblement seul, il se sentait comme privé de sa moitié. Il était dans un monde où il pouvait être lui-même, sans l'être entièrement. Son boulot de serveur dans un café lui avait permis d'apprendre à se contrôler un peu plus. De toute façon, après son passage, on le lui avait fortement conseillé s'il voulait passer inaperçu. L'époque n'était plus là même, les hommes étaient différents des habitants de Wonderland. Alors il prenait chaque jour sur lui, et c'était comme s'il recommençait une nouvelle vie. Il appréciait ça, Aaden. Les gens ne le fuyaient pas forcement, la plupart étaient même agréables à son égard. C'était finalement l'environnement parfait pour l'Aaden d'autrefois, car après tout, il n'avait jamais été vraiment méchant dans le fond ... Cependant, il restait fidèle à lui-même, et il lui arrivait de s'énerver pour un rien, de paraître désagréable sans réellement le vouloir. Mais il faisait des efforts, il se laissait convaincre que tout cela, il le faisait pour son ami ...

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Cela faisait désormais trois ans que le jeune homme s’était installé à Séoul, et pourtant, malgré son côté accueillant, Aaden, avait toujours cet énorme regret d’avoir dû partir ainsi. Il détestait le monde autant qu'il se détestait lui-même. Il détestait mère nature d'avoir fait de lui un monstre pareil, le pire ennemi de l'amour de sa vie, l'ennemi même de l'humanité lorsqu'il était encore à Wonderland. Il était né pour être craint, pour faire preuve d'agressivité alors qu'il n'était qu'amour et douceur ... Il se demandait souvent ce qu'il avait bien pu faire pour mériter un tel sort. Il avait toujours respecté mère Nature, ne jurait que par elle dans le passé. Il avait même été un enfant sage, compréhensif et agréable pour le plus grand bonheur de sa mère. Mais il fallait croire que cela n'avait jamais suffi, et que cela ne suffirait sûrement jamais. Parfois, il lui arrivait de se demander : « Et Noa, actuellement, qu’est-ce qu’il fait ? » Mais ce genre de pensées ne faisait que remuer le couteau dans la plaie, et il se dépêchait de les chasser.

Il sait qu'il est comme ça, Aaden, et que rien ni personne ne pourrait changer cette facette de sa personnalité. Il était né pour devenir le loup, il était né pour être dangereux et faire le mal autour de lui. Et Aaden, il ne comptait plus le nombre de personnes qu'il avait pu tuer, il ne souhaitait pas compter. Qu'est-ce que ça pourrait bien lui apporter, de toute façon ? Rien, alors il ne le faisait pas. Il se contentait simplement d'ôter la vie aux personnes qu'on lui demandait de tuer, parce qu'il était payé pour cela. Et quand c'était fini, il recommençait. La majeure partie de ses contrats étaient en provenance de Kaa. Il avait une liste de personnes à faire disparaître, et il se contentait de rayer un à un les noms qui s'y trouvaient, sans même se poser la question de savoir de qui il pouvait bien s'agir. Ça ne servait à rien de s'embêter avec des détails pareils. Il était néanmoins plus difficile dans cette ville d'exercer un tel métier, les demandes - moins courantes qu'à Wonderland - suffisait largement à subvenir à ses besoins, mais il souhaitait plus. Alors il accumulait un nouveau boulot, ça lui permettait de se changer les esprits, et de ne plus penser à son passé.  

Ici, il était Cha Aaden, un jeune coréen de 21 ans, qui vivait dans un grand appartement, serveur dans un café le jour, barman dans un bar le soir, quand il pouvait. C'était le collègue qu'on appréciait, le barman dont on souhaitait le numéro, le voisin mystérieux qui rendait bien curieux.  

C'était juste Aaden, ce n'était plus forcément le loup.