sign up – ft. baeran

une proposition pareille ne se refuse pas, monsieur na. réfléchissez y à deux fois. ainsi s'est achevée une longue conversation instagram, en privé. conversation qui tournait autour du pot, agaçant la jeune femme n'ayant pas pour habitude d'être contredis sur ses désirs et sur ses mots. la situation était hallucinante. totalement insensée. qui refuserait une place dans son agence ? un job si bien payé ? certaines personnes tueraient pour se faire remarquer et valider par madame kim whee in. cette recruteuse de mannequin plus sélective que la sélection naturelle. mais non, il a fallut qu'elle repère un homme difficile. cela dit, elle doit bien avouer quelque chose... si la situation la fait enrager, elle l'amuse également profondément. avoir, parfois, un peu de fil à retordre ne fait pas de mal. ne vit-elle pas pour la compétition et la satisfaction d'y gagner à la fin ? la méchante reine en a la conviction : l'étudiant reviendra sur ses positions. elle en mettrait sa main à couper. après tout... elle le dit et répète... qui est assez stupide pour refuser ?

au pied du bâtiment, la ceo consomme une cigarette, la regardant se consumer et partir, au fil des lattes tirées, en fumée. c'est bien beau, d'être son propre chef. les horaires se plient à sa volonté. et sa volonté est, actuellement, de fumer. cela dit, elle n'en oublie pas l'importance du travail. elle ne tardera pas. elle a une agence à faire tourner. certains employés ne sachant, visiblement, pas se débrouiller sans faire irruption dans son bureau. c'est pourtant eux les stylistes et photographes. madame ne va tout de même pas leur apprendre leur métier.

elle allait écraser son mégot sur le béton lorsqu'une silhouette s'arrête auprès d'elle après lui être passé devant d'un air égaré. levant alors les yeux pour voir à qui elle a affaire, un faible sourire amusé étire ses lèvres carmins. elle souffle sa dernière bouffée de fumée qui vient plus ou moins heurter le visage du jeune homme sur son trajet.

« quelle agréable surprise. ai-je gagné ? » lâche-t-elle, son esquisse triomphante ne quittant pas ses traits fiers. « monsieur na. » fini-t-elle par prononcer une fois le reste de sa cigarette jeté. inclinant légèrement la tête en guise de politesse.

puisqu'elle vous dit que lorsqu'elle veut, elle obtient.

Il avait des objectifs dans la vie, Bae Ran, et devenir mannequin n’en faisait définitivement pas parti. Non, l’étudiant, ce qu’il voulait, c’était finir ses études avant tout. Devenir une référence dans le domaine du parfum, et créer ses propres fragrances qui seraient aimées et connues de tous. C’était ça, son rêve, ce pourquoi il arrivait à se réveiller chaque matin. Et d’ordinaire, lorsqu’il recevait des offres de travail, ou autre, il refusait, gentiment, et c’était bouclé. Mais là… Là… Il n’avait pas réussi à s’en débarrasser. A croire que cette dame était déterminée à le voir signer ce contrat qu’elle lui proposait. Etait-ce pour cela qu’ils en étaient désormais arrivé là ? Parce que de simples échanges textuels ne semblaient pas faire comprendre à la personne de l’autre côté de l’écran qu’il ne comptait pas accepter, voilà qu’il s’était mis en tête de se rendre directement sur place.

Une simple recherche google avait permis au garçon de retrouver l’agence, sa localisation, et les horaires d’ouverture. Il avait attendu un peu avant de s’y rendre, cherchant un créneau qui ne viendrait déranger ni ses cours, ni son boulot à la librairie, et qui permettait de laisser Ji Bin seul sans qu’il ne soit dans les parages à le surveiller. De toute façon, il n’avait pas vraiment prévu d’y rester bien longtemps, un aller-retour en bonne et due forme, pour clarifier les choses. Pas question de se laisser tenter, se répétait-il en boucle dans son esprit, comme pour se convaincre à l’avance que malgré tout ce qu’on allait pouvoir lui dire, la simple réponse qu’il leur donnerait serait négative, qu'il n'était pas si intéressé que ça... On lui avait demandé de réfléchir, et il l’avait fait, sa réponse n’avait pas changée.. Enfin... Normalement ?

En arrivant devant les locaux, Bae Ran ne fut pas surpris. L’endroit avait le mérite d’être visiblement connu, et le bâtiment - qu’il s’agisse de l’extérieur, ou encore de ce qu’il pouvait apercevoir de l’intérieur - semblait à la hauteur de cette notoriété. Le garçon s’apprêtait à entrer, lorsqu’il cru reconnaître le visage de celle avec qui il avait si longtemps échangé. Elle était là, à quelques mètres de lui, à fumer dans un coin. Alors il s’était mis en tête d’aller directement la voir, s’estimant chanceux de tomber si rapidement sur elle quand on connaissait désormais son poste, et qu’il n’avait pas pris de rendez-vous, ni même annoncé sa visite. “Bonjour.” Lâcha-t-il simplement, s’inclinant respectueusement à son tour. “Je venais justement discuter avec vous du contrat que vous me proposez.”  Il n’allait pas y aller par quatre chemins. “Je crains que ma réponse soit toujours négative, Madame Kim.”

malgré l'annonce du garçon, wheein ne perd pas de son sourire en coin. il faut bien plus que ça, pour décourager la méchante reine. plissant légèrement les yeux, elle semble l'analyser. comme si elle avait la capacité de sonder son âme. « vous êtes un bien étrange personnage, monsieur na. » croisant les bras, elle plonge son regard dans le sien. « voyez-vous, je n'ai pas pour habitude d'être charitable. des places, je n'en propose pas d'ordinaire. j'en accepte, si tant est que les candidatures parviennent à me plaire. » ses doigts viennent machinalement se glisser dans ses poches pour y dénicher briquet d'un côté et paquet de l'autre. oui, elle vient de fumer. et ? ça l'aide à discuter quelle belle excuse.

dans un geste étonnamment généreux de sa part, elle penche vaguement la boîte en direction du coréen. l'invitant à se servir, dans le cas où il serait lui aussi fumeur. « dîtes moi, j'aimerais comprendre... pourquoi ? » lâche-t-elle simplement. marquant une pause dans sa tirade afin d'allumer le bâtonnet de nicotine qu'elle tient dans son bec. « vous m'avez l'air d'un garçon intelligent. je ne remets donc pas en doute le fait que vous vous doutez qu'une telle opportunité est du genre à ne se présenter qu'une fois. alors, pourquoi ? refuser revient à cracher sur du caviar porté sur un beau plateau d'argent. » elle soupire dans un nuage de fumée. « disons que je trouve ça étonnant. si je ne m'abuse, vous êtes étudiant ? vous allez donc me dire que vous préférez travailler dans des fast foods où vous ferez des heures supplémentaires pour un salaire de misère alors que l'on vous propose un job bien mieux payé ? » la ceo est prise d'un rire léger en dévisageant son cadet. « je n'arrive pas à dire si je trouve votre sens de la modestie excessivement affolante ou attendrissante. » et la voilà qui tire une nouvelle bouffée cancérigène, la malice dans les yeux.

C’était à se demander si, même en se rendant sur les lieux, ainsi, Madame Kim le laisserait partir. Il avait beau avoir refusé, de vive voix cette fois-ci, une nouvelle fois son offre, ça ne semblait pas l’atteindre plus que cela. C’en était presque effrayant, si l’on s’attardait sur le sourire qui venait de doucement étendre ses lèvres. Le paquet tendu vers lui, Bae Ran refusa poliment d’un simple geste de la tête. Il ne fumait pas, et ne comptait, à ce jour, pas s’y mettre non plus. Il y avait bien d’autre moyen pour se changer les idées ou déstresser que de réduire son espérance de vie et qu’abîmer ses poumons. Le Yoga, par exemple, pouvait particulièrement faire effet… Encore faudrait-il s’y connaître un minimum, cela dit. Droit, devant elle, il l’observait dans son monologue, enregistrant chacun de ses mots dans l’unique but de préparer la meilleure des argumentations pour lui répondre. Il comprenait son point de vue, ses propos, et l’on pouvait sans aucun doute remarquer qu’elle savait s’y prendre pour ce genre de chose. Il y avait vraiment réfléchi, à sa proposition, et autant dire qu’il avait plus de plaisir à travailler à la librairie que de se voir à l’affiche d’un magazine, ou à la tête d’une publicité ridicule. Une fois qu’elle semblait lui laisser l’occasion de répliquer - parce qu’il n’allait pas non plus la couper dans son discours - il prit aussitôt la parole, confirmant son statut. “Je suis bien étudiant, Madame, mais sâchez que l’argent ne fait pas ma motivation.” Un travail, ça se fait avec envie, et passion dans le meilleur des cas. Alors, non, la restauration n’était pas son domaine de prédilection, et n’allait pas l’être de si tôt non plus. “Je ne pense pas avoir le temps, dans tous les cas, pour le travail que vous me proposer.” Sans être vraie, son excuse n’était pas très éloignée de la vérité. Entre ses études, son petit boulot, et ses occupations en tant que gardien des wonderlandais, il ne pensait pas une seule seconde pouvoir être présent sur tous les fronts. Le brun remonta la lanière de son sac sur son épaule, ne quittant pas la jeune femme des yeux. “Vous êtes la seule à y gagner, dans l'histoire, non..?”

« un partisan de "l'argent ne fait pas le bonheur", hm ? » demande-t-elle, bien que cette interrogation soit plus rhétorique qu'autre chose. elle ne s'attend pas à une réponse. c'est, plutôt, une façon de se parler à elle-même, de vive voix. « intéressant. » elle achève le fond de sa pensée par un nuage de fumée. « belle mentalité. » de sa main libre, wheein se masse la nuque avant de la faire craquer. « mais bon... n'allez pas dire que l'argent n'a pas son utilité. mettre de côté en étant étudiant, cela a bien plus d'avantages que d'inconvénients. et si ce n'est pas pour vous, cela peut faire de l'argent pour vos parents. une fratrie, peut-être ? vous voyez... c'est de cette manière que j'aime penser. » miss kim ? entêtée ? qui ne lâche l'affaire presque jamais ? non... à peine. « de plus, si ce n'est qu'une question de temps... » elle prend le temps de 'savourer' le bâtonnet de nicotine entre ses lèvres avant de continuer. « il y a toujours des arrangements. » après tout, la ceo ne lui demande pas d'être là à temps pleins. dans un sens, le mannequinat n'est pas un métier des plus réguliers. il varie selon les demandes, la notoriété et les attentes. « quitte à ce que ce soit une expérience de courte durée, dîtes vous que cela fera toujours un bon point en plus sur votre cv. » l'art d'exposer des intérêts en faveur de l'autre partie pour mieux décrocher un oui. la persistance, dans le business, est l'un des meilleurs moyens de voir des choses porter leur fruit. « je suppose donc que vous y gagnez autant que moi. » elle ne quitte pas ce sourire si difficile à décrire. lorsqu'un poisson est pris dans ses filets, il est difficile d'y échapper.

Elle pouvait bien voir cela comme cela lui chantait, là n’était de toute façon pas le problème. Que l’argent fasse le bonheur ou non n’était le centre de la discussion. (Et s’il devait ajouter quelque chose concernant cette supposition, il ajouterait sûrement que si l’argent ne faisait pas le bonheur, mais qu’il y contribuait quand même grandement.) “Je ne dis pas non plus que l’argent n’a pas d’utilité, madame, mais que ce n’est pas cela qui me fera signer votre contrat.” Ce n’était de toute façon pas ses parents qui allaient avoir besoin d’argent dûment gagné par le travail de leur fils. Oh que non, ils gagnaient bien assez pour ne pas s’en soucier, de tout ça. Mais, réflexion faite… S’il y a bien une personne à qu’il pouvait aider de la sorte, c’était bien son colocataire. Ji Bin ne travaillait pas, en dehors des études, et ça ne dérangerait peut-être pas tant que cela le jeune coréen de l’aider financièrement parlant. Une sorte d’argent de poche qu’il pourrait lui donner, par exemple, jusqu’au jour où lui-même viendrait à avoir son propre travail… Hmm… Ça y est, il y réfléchissait de nouveau, il doutait, même. Qu’est-ce qu’il ne ferait pas pour son protégé, tiens… “J’ai un emploi du temps chargé, vous savez ?” Et il ne souhaitait rater aucun cours au profit d’un quelconque photoshoot. Il finit néanmoins par sourire doucement. Si elle disait vrai, si elle était vraiment prête à trouver un arrangement, peut-être qu’il pouvait envisager de tester, sur une courte durée, comme elle pouvait l’évoquer, et voir ce que ça pouvait donner… Qui sait aussi, on pourrait finir par le reconnaître, et s’il venait à devenir créateur de parfum, cela pouvait aussi donner de la visibilité… Il n’avait finalement pas penser à ces petits détails que lui offrirait un tel travail. “Mais si vous me promettez que l’on peut s’arranger de ce côté-là… Je peux reconsidérer la proposition.” Voilà, il avait fini par changer d'avis, alors qu'il avait tant tenu à ne pas se faire avoir.