Cha Na Young || Je vais faire de toi cochonette, le plus pur des saphirs

Un enfant, voilà ce que le couple Hua désespérait d’avoir dans leur maison. Voilà ce qui manquait à leur bonheur...et ce qui faisait le déshonneur d’une épouse qu’un mari persistait à défendre. Qu’un officier tel que lui n’ait pas de descendance occupait les médisants et laissait des murmures sur le passage d’une maison pourtant respectée.
L’enfant vint pourtant après des années, par une chaude soirée d’été et après un travail si long qu’on racontait dans les maisons aux environs que la future mère y laisserait la vie, que si elle n’avait pas su enfanter jusque là, c’était bien parce qu’elle était trop faible pour le faire. Elle le fit pourtant, et Mulan poussa son premier cri pour faire taire les bavards… et les relancer sur un autre sujet.
Une fille. Après tant d’efforts, elle n’était parvenue qu’à enfanter une fille. Ainsi mourrait le nom des Hua pour eux. Et jamais le père n’aurait l’honneur de voir un fils suivre ses traces et faire porter à leur famille davantage de gloire.

La mère ramena toutefois le silence quelques années plus tard, quand elle donna la vie à un fils, en perdant malheureusement la sienne. Dévasté par la perte de son épouse, le mari dû cependant faire face pour ses enfants. Et de père plus exemplaire dans le royaume, Mulan le soutiendra toujours, il n’en n’a jamais existé un.


Contrairement à ce que les enfants pensent de nos jours, Mulan n’a pas été éduquée pour avoir une vie d’épouse parfaite et soumise. Du moins, pas uniquement. Comme toute fille d’officier, elle est entraînée au combat dès qu’elle atteint l’âge de le faire. Malheureusement, il est vrai, l’enfant développe bien vite un goût plus marqué pour ces activités masculines que pour l’art de servir le thé. Et à nouveau, la famille est moquée à voir une fille prenant le rôle du fils, et un fils manifestement trop doux pour suivre les traces de son glorieux père. La famille l’est d’autant plus quand l’aînée ne sait pas tenir sa langue face à l’injustice et tout particulièrement face aux hommes. De caractère, Mulan n’en n’a jamais manqué et peu importe celui qui se trouvait face à elle. Alors on dira d’elle qu’elle fera sans doute une aussi mauvaise épouse que ne l’a été sa mère. On plaindra les Hua et on leur souhaitera avec jalousie que médisances viennent à rimer avec futur.

Le futur se lit toutefois dans une enfant qui se perd à essayer l’armure trop grande de son père. Dans une enfant qui rêve de prouver sa valeur et à une place bien différente de celle où on attend une femme.
Proche de son père et de son frère, il est vrai que la fille Hua n’aura que de vagues souvenirs de l’image d’une femme sous les traits de sa mère dont elle essaiera pourtant de parler à son cadet comme d’une femme douce et aimante. Celle à qui elle devrait rêver de ressembler ?
Une fille à papa. Voilà comment on pourrait la résumer brièvement, car c’est bien à son père qu’elle rêve de ressembler.


"J’irai"
Pas de fugue dans la nuit. Pas de vol d’amure et de cheval. A l’annonce de la mobilisation pour combattre les Ruanruan, c’est sans chercher à tromper sa famille que Mulan annonce qu’elle sera “l’homme” qui partira pour représenter la famille Hua. Un père trop âgé et malade. Un frère trop jeune à son goût pour faire la guerre et à la personnalité trop douce, sa décision est prise et la détermination qui se lit dans sa voix pousse les Hua à partager ce secret à trois.
C’est donc dans l’armure de son père et sous le nom de son frère qu’elle part au combat et renonce à une future vie d’épouse.
Une mascarade bien risquée mais qui fonctionne étonnamment bien puisqu’elle sera traitée comme un homme et se distinguera même en tant que tel au cours de nombreuses batailles.

Étrange comme elle ne s’est jamais sentie autant à sa place qu’en se faisant passer pour un autre. Sans doute trop ravie d’être enfin considérée comme un égal au milieu des hommes, elle redore le blason des Hua avec brio jusqu’à être nommée Général.
C’est pour cette famille qui lui manque qu’elle refuse plus de distinctions autre qu’un cheval rapide avec lequel elle rentre à la maison pour s’occuper d’un père auquel elle n’aura finalement le temps que de faire ses adieux….


Un temps de deuil de bien courte durée pour son frère et elle. Quand elle reçoit, quelques jours seulement après les funérailles, une demande pour devenir la concubine de l’empereur en place, l’aînée des Hua comprend que son secret est percé. Une tendance suicidaire, voilà ce dont elle fera sans doute preuve en refusant une première fois, puis deux, puis trois, sans parvenir pour autant à calmer l’acharnement de l’homme qui se fait de plus en plus menaçant. Un “oui” c’est sans doute la seule réponse possible pour elle et celle qu’elle doit se décider à donner rapidement si elle ne veut pas plus d’ennuis. Elle se borne pourtant à refuser et c’est son frère, comprenant que l’empereur persistera, son frère passionné des histoires qu’on entend mais qu’on ne sait pas toujours vrai, qu’il lui parlera de ce miroir prétendument capable de vous emmener vers un autre monde.

La fuite, une solution qu’elle n’aurait jamais envisagé et qui lui fait honte. Pourtant, à force de persuasion, le cadet des Hua finit par la convaincre que c’est leur seule solution et c’est bien celle qu’ils décident de chercher pour la trouver finalement après des mois d’errance et faire la rencontre de la Marraine la bonne fée. Si au début, face à ses questions, les deux jeunes Hua craignent un refus, le droit de passage leur est pourtant accordé et c’est ainsi qu’ils débarquent dans ce nouveau monde bien loin du leur…


Séoul. Capitale de la Corée du Sud. Plus de 9 millions d’habitants. Des faits, des données à assimiler… et une modernité parfois bien déstabilisante mais que son frère embrasse avec passion. Elle doit bien le reconnaître, sur ce coup-là, c’est bien lui qui l’a aidé, un peu comme un guide l’aurait fait et comme les saviors le font pour eux, les aidant ainsi à s’intégrer dans un univers dont ils ne connaissent rien. Mais univers sans demande de partage de lit perverse et assidue. Un univers où elle peut avoir une arme et être une fille ? Ah ça, c’est un fait qui ne tombe pas dans l’oreille d’une sourde et qui lui fait d’abord pensé à un monde parfait. Mulan, devenue Na Young, ne tarde pas ceci dit à comprendre que tout n’est pas si rose et qu’une femme doit se faire une place si elle veut un rôle qu’on définit toujours comme un rôle d’homme.

Partageant naturellement un appartement avec son frère, elle se penche rapidement sur une carrière dans les forces de l’ordre et n’envisage pas de se tourner vers autre chose. “Flic”, un mot dont elle se voit bien qualifier. Faut bien l’avouer, elle est plus douée pour cette formation là que pour apprendre au début à se servir de cet engin portable que la population ici ne semble pas vouloir quitter. La télévision est en revanche une découverte délicieuse et la zappette magique devient une précieuse compagnie pour les nuits sans sommeil. Son premier coup de foudre ? Hunger Games. Katniss Everdeen ! Une femme forte ! … dont elle a vu les films de trop nombreuses fois, on le reconnaît.

Et c’est ce qu’elle veut être ici. Une héroïne. Une personne juste. Quelqu’un qui protège les autres. Alors c’est tout naturellement qu’elle se décide à proposer ses services en tant qu’agent de terrain au sein des saviors et qu’elle suit la formation pour le devenir. Oui, faut croire que quand on est une guerrière dans l’âme, inspecteur de police ne suffit pas !